Pelloux tourne la page « Charlie »

C’est l’ultime opus des chroniques d’urgences que publie depuis douze ans le Dr Pelloux dans « Charlie Hebdo ». Cette sixième livraison a ceci de particulier qu’elle sera la dernière – l’auteur a fait savoir qu’il quittait l’hebdomadaire à la fin de l’année – et qu’elle court du 19 février 2014 au 29 octobre 2015. Un début et une fin entre lesquels il y a le 7 janvier.

Les attentats qui ont coûté la vie aux camarades du Dr Pelloux et aux victimes de l’Hyper Cacher drainent les 264 pages de ce « Toujours là, toujours prêt »*. Depuis son introduction, intitulée « L’Adieu aux larmes », en forme d’hommage à chacun des disparus. Jusqu’à sa dernière page puisque chaque chronique, qu’elle précède ou qu’elle suive le 7 janvier, est assortie d’un commentaire rédigé a posteriori par Patrick Pelloux. Ainsi, le terrorisme, le vide laissé par les amis qui ne sont plus, le traumatisme du « survivant »… éclairent tout ou presque tout : les sujets qui leur sont directement reliés (l’annonce du départ, le 23 septembre) comme ceux qui ne le sont pas (l’arrivée du virus de la grippe le 25 février, le tiers payant généralisé le 25 mars).

Outre que les chroniques du Dr Pelloux restent ciselées dans un style fleuri assez réjouissant, elles dessinent aussi le portrait d’un homme terriblement secoué mais toujours debout, que les drames n’empêchent pas de s’intéresser aux sorts du « monsieur de 180 kilos » coincé chez lui ou de Lionel le « clodi clodo », ni de se demander si la santé est « une idée politique ou une somme de corporatismes » ou encore d’écrire un éloge de son ami le Dr Casenove, « le médecin que tout le monde veut, celui qui sait, soigne et rassure ». Parce que, comme il l’explique en préambule, la vie continue et qu’il ne faut surtout pas « tout laisser tomber », avant de conclure par cette adresse : « Ami lecteur, aimons et pas de lambin pour être heureux. »