L'histoire de l'art a toujours célébré les avant-gardes au mépris de mouvements artistiques installés dans la durée qui ont irrigué en profondeur la manière de voir. A cet égard, l'ouvrage de Sidonie Lemeux-Fraitot est exemplaire. Ce voyage en Orient conduit certes le lecteur dans des endroits balisés, à savoir les territoires autour de la méditérrannée. Mais il croise les regards, les époques, les évènements. Et projette dans la lumière une expérience constitutive de l'identité européenne, le voyage réel ou imaginaire vers des contrées étrangères, ici le « Bel Orient ». L'auteure n'efface pas la vision colonialiste, ni l'académisme ou le caractère pompier de certaine œuvres. Mais réhabilite des peintres oubliés du grand public. Citons par exemple Jean-Etienne Liotard, citoyen de Genève, contemporain de Voltaire, mais surtout citoyen du monde. Il s'installe à Constantinople où « plus de trente peuples se cotoyaient ». Voyageur insatiable, il parcourt le monde. Ses œuvres ont vaincu le temps selon le mot de l'historien d'art Louis Gely.
L'ouvrage bien sûr fait écho aux convulsions de l'actualité. Sans parler des conflits du Moyen-Orient, ce mouvement artistique serait né à la faveur de l'insurrection grecque et de la mort de Lord Byron. Une génération d'artistes s'engage en faveur de l'émancipation du peuple grec. L'indépendance du pays sera ratifiée en 1830. Dès 1824, Eugène Delacroix avait pris à partie l'opinion avec son tableau exposé au Louvre Scène des massacres de Scio. Inscrite dans l'imaginaire oriental, la Grèce opérait alors son retour en Occident...
On ne manquera pas enfin de suivre au fil des siècles la déclinaison d'une image, celle de l'odalisque par exemple. Bref, grâce entre autres à la qualité de la reproduction des œuvres, ce voyage érudit transporte le lecteur vers les rivages du beau. Mais aussi selon l'auteure vers « une porte ouverte sur la citadelle de l'inconscient occidental ». Beau voyage.
L'orientalisme, Sidonie Lemeux-Fraitot, editions Citadelles & Mazenod, l'art en mouvement, 416 p, relié en toile sous coffret, 189 euros.
L'ouvrage bien sûr fait écho aux convulsions de l'actualité. Sans parler des conflits du Moyen-Orient, ce mouvement artistique serait né à la faveur de l'insurrection grecque et de la mort de Lord Byron. Une génération d'artistes s'engage en faveur de l'émancipation du peuple grec. L'indépendance du pays sera ratifiée en 1830. Dès 1824, Eugène Delacroix avait pris à partie l'opinion avec son tableau exposé au Louvre Scène des massacres de Scio. Inscrite dans l'imaginaire oriental, la Grèce opérait alors son retour en Occident...
On ne manquera pas enfin de suivre au fil des siècles la déclinaison d'une image, celle de l'odalisque par exemple. Bref, grâce entre autres à la qualité de la reproduction des œuvres, ce voyage érudit transporte le lecteur vers les rivages du beau. Mais aussi selon l'auteure vers « une porte ouverte sur la citadelle de l'inconscient occidental ». Beau voyage.
L'orientalisme, Sidonie Lemeux-Fraitot, editions Citadelles & Mazenod, l'art en mouvement, 416 p, relié en toile sous coffret, 189 euros.
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