Il y a deux semaines, l’Association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) déposait un recours devant le Conseil d’État « pour que le droit constitutionnel à la santé soit effectivement appliqué de façon égalitaire pour tous les citoyens sur le territoire national ». S’appuyant sur les chiffres de la démographie médicale, elle reproche à la profession d’être incapable de réguler l’exercice des médecins, « qui peuvent travailler ou ne pas travailler, exercer où ils veulent quand ils veulent, ou décider de remplacer à vie ».
Le dernier atlas publié par l’Ordre des médecins, en décembre dernier, montre en effet que la démographie médicale poursuit son érosion, en tout cas en médecine générale. 86 102 généralistes en activité régulière ont été recensés en 2020, soit une diminution de 9 % depuis 2010 et de 1 % sur un an. Et malgré les mesures d’augmentation puis de suppression du numerus clausus, la remontée attendra. D’après les projections, la baisse devrait se poursuivre jusqu’en 2025, pour atteindre 81 925 généralistes en activité régulière. Et les disparités territoriales sont manifestes : les départements situés en marge rurale perdent des médecins généralistes, tandis que ceux en bordure de littoral bénéficient d’une attractivité, souligne l’Ordre.
Face à cette vérité implacable des chiffres, subie par un certain nombre de Français, l’ACCDM, et régulièrement quelques élus, réclament des dispositions plus coercitives. Mais faut-il inévitablement en arriver à des mesures, pour lesquelles les jeunes médecins continuent de répéter qu’elles seraient contreproductives ?
Notre dossier de la semaine, consacré aux jeunes généralistes qui font le pari de l’installation en milieu rural en libéral, donne des raisons d’espérer. Contrairement aux idées reçues, la nouvelle génération n’a pas toujours une aversion pour ces territoires. Pour ceux qui ont témoigné, il ne s’agit pas d’un choix par défaut mais d’une vraie volonté d’opter pour un environnement précis au niveau professionnel comme personnel. Une oasis dans les déserts pour ces praticiens, pour la profession et pour la population de ces territoires.
Amandine Le Blanc, cheffe de rubrique
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