La bronchiolite aiguë du nourrisson est une affection virale fréquente et potentiellement grave, induisant de multiples consultations en ville comme aux urgences, et dont le traitement n’est aujourd’hui que symptomatique.
« Plusieurs types de traitement pharmacologiques ont été essayés, dont aucun n’a montré de réelle efficacité. Non seulement certains, comme les fluidifiants bronchiques, se sont révélés inefficaces, mais ils peuvent aussi augmenter la production de mucus et aggraver l’encombrement bronchique. Quant à la kinésithérapie respiratoire, elle n’a pas montré son efficacité, que ce soit pour accélérer la guérison ou limiter la gravité », rapporte le Pr Vincent Gajdos (Clamart).
Il y a quelques années déjà, de nombreuses études ont porté sur l’utilisation de différentes concentrations (à 3 %, 5 % et 7 %) de sérum salé hypertonique, faisant naître un petit espoir. Le rationnel reposait sur le fait que le sérum salé hypertonique permettait de contribuer au désencombrement bronchique des enfants. Il a été montré que, chez des enfants ayant la mucoviscidose, il augmente la rhéologie des sécrétions et était un traitement complémentaire aux autres médicaments.
Grâce à son pouvoir osmotique, le sérum salé hypertonique attire en effet l’eau des cellules épithéliales, diminue l’œdème sous-muqueux, restaure une hydratation de la surface liquidienne et améliore la clairance mucociliaire.
Pas de réduction des hospitalisations
Les études randomisées en double insu menées chez le nourrisson hospitalisé pour bronchiolite aiguë sont contradictoires. Certaines ont montré que des nébulisations répétées de sérum salé hypertonique à 3 % diminuaient la durée d’hospitalisation en moyenne d’un jour ou un jour et demi. D’autres n’ont pas pu mettre en évidence une quelconque efficacité. « Mais la population de ces études était très hétérogène. Dans les études favorables au sérum salé hypertonique, les durées moyennes de séjour étaient assez longues, de l’ordre d’une semaine. Alors que, dans celles où il n’était pas efficace, les durées d’hospitalisation étaient plus courtes, de trois ou quatre jours, comparables à celles observées en France, fait remarquer le Pr Gajdos. On peut donc conclure que le sérum salé hypertonique ne réduit pas significativement la durée d’hospitalisation. »
Quant à la diminution du taux d’hospitalisation, elle a également fait l’objet de plusieurs études, aux résultats très variables. Parmi elles, une étude clinique française (1) a été menée sur deux saisons de bronchiolites, d’octobre 2012 à avril 2014, au sein de 24 services d’urgence pédiatrique. Au total, 777 enfants âgés de 6 semaines à 12 mois présentant un premier épisode de bronchiolite, et non suivis pour une pathologie chronique, ont été inclus. Ils étaient âgés en moyenne de 3 mois. Deux groupes ont été comparés, l’un traité par des aérosols de sérum salé hypertonique, l’autre par des aérosols de sérum physiologique (4 ml sur 20 minutes).
24 heures après l’admission aux urgences, 48,1 % des enfants traités par sérum hypertonique ont été hospitalisés, contre 52,2 % dans le bras contrôle (différence non significative). Le score clinique visant à évaluer les symptômes s’est amélioré dans les deux groupes, mais significativement plus dans le groupe recevant le sérum hypertonique. En revanche, 8,9 % des enfants traités par ce dernier ont présenté des effets indésirables (toux, vomissements…) contre 3,9 % dans l’autre bras.
Le taux d’admission en soins intensifs s’est révélé similaire dans les deux bras, ainsi que celui des hospitalisations différées à 28 jours. « Ce produit n’a donc pas sa place aux urgences, et il n’y a pas d’argument et peu de raisons de penser qu’il soit efficace en ville », conclut le Pr Gajdos.
Entretien avec le Pr Vincent Gajdos (hôpital Antoine-Béclère, Clamart, APHP)
(1) Angoulvant F. et al. Effect of nebulized hypertonic saline treatment in emergency departments on the hospitalization rate for acute bronchiolitis. JAMA Pediatr. 2017 Aug 7;171(8):e171333
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