Réunie au Karolinska Institute (Stockholm, Suède), l’illustre jury a décerné aujourd’hui le prix Nobel de médecine conjointement au tandem William Campbell (Irlande)/ Satoshi Omura (Japon) pour leurs découvertes sur les traitements de l’ascaris, et à la Chinoise Youyou Tu pour ses travaux sur le traitement du paludisme.
William C. Campbell and Satoshi Omura ont ainsi découvert l’avermectine, un antiparasitaire qui agit par paralysie neuromusculaire des nématides et d’arthropodes. Le microbiologiste, Satoshi Omura, avait dans les années 70 acquis une expertise dans l’isolement des produits naturels. Au cours de travaux sur l’antibiothérapie, il a isolé une bactérie, du genre Streptomyces, dans le sol de la région d’Ito au Japon. Parmi les milliers de formes cultivées en laboratoire, 50 furent sélectionnées pour leurs promesses thérapeutiques. Parmi elles, Streptomyces avermitilis s’est révélée être la productrice d’avermectine.
C’est ensuite que William C. Campbell, expert en parasitologie, reprit le flambeau et put tester l’efficacité de l’avermectine sur la souris. En 1980, Campbell modifia l’avermectine en ivermectine qui s’avéra être une substance encore plus active et réussit à la tester chez l’homme avec l’efficacité qu’on lui connaît. L’ivermectine a pour indications classiques en zones d’endémie les filarioses : l’onchocercose, les filarioses lymphatiques ou la loase. En France, 5 indications sont possibles, dont certaines hors Amm, les filariuoses, l’anguillulose, du larva migrans cutanée, de la gale et plus récemment de la pédiculose.
Pour MSF, c’est "génial !"
Youyou Tu, une octogénaire de 84 ans, depuis longtemps pressentie pour ce prix, a quant à elle découvert l’artémisine, molécule active contre la malaria, grâce à un extrait de la plante armoise annuelle (Artemisia annua). Mme Tu avait commencé ses recherches en combinant les textes médicaux anciens chinois et les remèdes populaires, collectant deux milliers de "remèdes" potentiels à partir desquels son équipe a fabriqué 380 extraits de plantes. Son screening lui a permis d’identifier l’Artemisia annua, dérivée de l’armoise, présente dans la plupart des recettes ancestrales antipalustres. C’est en utilisant une technique d’isolation à froid du « suc » des feuilles, et non pas la méthode traditionnelle d’infusion à l’eau bouillante, que l’artémisine dans sa forme aboutie a pu être individualisée. Tuant ainsi 100% des plasmodiums des souris et singes infectés ! Ses publications en 1985 ont marqué d’une pierre blanche l’histoire de la recherche des traitements contre le paludisme.
Avant elle, Ronald Ross, un chirurgien militaire britannique, avait reçu un prix Nobel en 1902 en découvrant en Inde que le paludisme était transmis par un moustique. Cinq ans plus trad, en 1907, ce fut au tour du Français Charles Laveran, d’être nobellisé pour avoir découvert que le plasmodium se nichait dans les globules rouges. Et il révéla ensuite l’efficacité de la quinine. Puis en 1948, un chimiste suisse, Paul Herman Muller, reçut à son tour cette haute distinction suédoise, en découvrant l’efficacité du DDT.
Pour ces deux découvertes médicales majeures, Médecins Sans Frontières salue le choix « génial » du jury des Nobel. Il concerne « des patients que l’on oublie généralement beaucoup ».
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