C'est un endroit emblématique qu'a choisi la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour présenter sa feuille de route "Accélérer le virage numérique", à savoir la plateforme d'innovation Boucicaut, lieu d'un ancien hôpital éponyme. Ces grandes orientations de la politique du numérique en santé font partie des ambitions du plan Ma Santé 2022. En la matière, les défis stratégiques, sociétaux, techniques sont énormes. « Il faut profiter du numérique pour éviter de reproduire le travail en silo trop souvent présent dans nos organisations », plaide la ministre.
Quelles "réformes" sont à l'ordre du jour ? Cinq grandes orientations sont édictées : renforcer la gouvernance du numérique en santé, intensifier la sécurité et l'interopérabilité des systèmes d'information en santé, accélérer le déploiement des services numériques socles, déployer au niveau national des plateformes numériques de santé et enfin soutenir l'innovation et favoriser l'engagement des acteurs.
Ces grandes mesures ne sont pas que des mots, puisqu'un calendrier précis pour les appliquer est fixé. Par exemple, pour le premier volet sur la gouvernance du numérique en santé : à partir de décembre 2019, l'Asip santé présidée à partir de juillet par Annie Prévot, actuelle directrice des SI de la Cnaf, deviendra l'Agence du numérique en santé (ANS). Elle mettra en œuvre la stratégie définie par la Délégation ministérielle du numérique (DNS), [qui remplacera la DSSIS] copilotée par Dominique Pon et Laura Létourneau, respectivement responsable et déléguée ministériels du numérique en santé.
Symboliquement, pour mettre en image la cohérence et la mutualisation, les deux délégués ont créé une nouvelle doctrine : l'État plateforme qui impose un référentiel commun ainsi qu'un socle éthique et technique commun. Construit comme une maison fabriquée par un architecte, ce cadre de référence a pour visée d'aligner l'ensemble des acteurs de l'écosystème de la e-santé. Dans les fondations, on retrouve en vrac l'éthique, la sécurité, l'interopérabilité des SIH. Concrètement fin 2021 doit démarrer la généralisation de l'identifiant national pour les personnes physiques. Autre action mise en œuvre dans les "fondations", les premiers tests de la e-CPS en vue de l'authentification numérique des acteurs de santé sont lancés à partir de juin 2019 et les premières expérimentations débuteront en 2020, avec une montée en charge progressive jusqu'en 2022. Enfin, un des nombreux trous dans la raquette devrait être comblé en matière de sécurité des données de santé avec l'extension du dispositif de déclaration des incidents de sécurité à l'ensemble des acteurs de santé et la mise en place d'un système national de cybersurveillance en santé à partir de 2020.
Pour finir, les professionnels de santé noteront dans les pièces de la maison le lancement d'un bouquet de services numériques ayant pour but de faciliter l'accès à l'ensemble des outils dont un professionnel a besoin dans son exercice quotidien, sans qu'il ait à se réidentifier à chaque changement d'outil. Dans la logique de l'État plateforme, un médecin pourra par exemple accéder au portail de suivi d'un patient utilisant une appli de suivi du diabète sans sortir de son univers logiciel. Pour atteindre cet objectif, un vrai coup d'accélérateur devra être donné à l'interopérabilité entre les différents outils numériques. Ce bouquet permettra aussi aux professionnels de mieux connaître l'offre de services numériques publique et privée disponible. Les premiers POC (proofs of concept) seront lancés fin 2020, mais la mise à disposition de la plateforme ne devrait pas avoir lieu avant fin 2022 (après la fin du quinquennat !).
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