Inaugurée en octobre 2018, la salle S.P.O.R.T, dédiée aux personnes handicapées moteur, est née de la volonté de Vance Bergeron de proposer à cette population une activité physique adaptée. Vance Bergeron est directeur de recherche CNRS au laboratoire de physique de l’ENS de Lyon. Passionné de vélo, il est devenu tétraplégique incomplet en 2013, suite à un accident de vélo.
« J’ai passé deux mois en réanimation, puis 7 mois à l’hôpital Henri Gabrielle en hospitalisation complète, puis un an en hôpital de jour. Pendant cette année, j’ai constaté qu’en sortant de l’hôpital, je ne pouvais plus bénéficier de l’activité physique adaptée (APA), raconte Vance Bergeron. Or, cet exercice est indispensable pour réduire l’apparition de maladies secondaires dues à l’immobilité. L’activité physique permet de prévenir les escarres, d’augmenter la circulation sanguine dans les membres paralysés et de densifier les os ».
Partenariat académique
Pendant sa convalescence, il s’intéresse à la stimulation électrique fonctionnelle (SEF), utilisée pour assister ou remplacer les contractions musculaires volontaires pendant des activités fonctionnelles, en appliquant un courant électrique de faible intensité sur les nerfs qui contrôlent les muscles ou directement sur la plaque motrice du muscle. « J’ai découvert qu’il était possible de l’utiliser pour faire bouger les muscles paralysés, par exemple pour faire du vélo, explique Vance Bergeron. J’ai alors eu l’idée de créer un lieu à l’extérieur où les personnes handicapées pourraient utiliser la SEF pour faire du vélo, du rameur, voire de la marche. J’ai réalisé qu’il existait un gros fossé entre les technologies et la vie quotidienne. Souvent, les technologies existaient, mais n’étaient pas commercialisées ». Il a alors créé l’association ANTS (Advanced neuroreeducation therapy and sport) en partenariat avec l’École normale supérieure (ENS), le CNRS et les Hospices civils de Lyon (HCL). « Le partenariat académique nous permet d’avoir la technologie et les HCL nous offrent la surveillance médicale pour que nous ne fassions pas de bêtises », détaille-t-il.
Approches interdisciplinaires
Grâce à ces partenariats, il a pu acquérir du matériel de pointe pour créer sa salle de sport adaptée. « Nous avons reçu en don un exosquelette pour entraîner à la marche et acquis un appareil d’électrostimulation stationnaire, acheté aux Etats-Unis. Parmi les autres appareils, figure un rameur, un vélo à bras et différentes machines permettant de travailler le haut du corps en restant dans son fauteuil roulant », énumère-t-il.
Pour le Pr Gilles Rode, professeur de médecine physique et de réadaptation, chef de service à l’hôpital Henry Gabrielle, la collaboration avec l’association ANTS est « unique ». « Elle montre l’importance des approches technologiques dans la rééducation et la réduction du handicap et l’importance d’une approche interdisciplinaire entre ingénieurs, patients, médecins et rééducateurs pour répondre au mieux aux enjeux de santé dans la rééducation et la réadaptation du handicap sévère », estime-t-il. Pour lui la salle de sport contribue à « permettre aux patients blessés médullaires et tétraplégiques de reprendre des activités physiques et sportives adaptées, sans mettre en danger leur état de santé ». Enfin, il note que ce projet a une dimension d’inclusion. « Notre rôle est de contribuer à ce que les actions qu’on met en place contribuent à une société plus inclusive et qu’un jeune confronté à un handicap puisse retrouver une place dans la société. La salle de sport adaptée y contribue », analyse-t-il.
Depuis son ouverture en octobre 2018, la salle a fait le plein d’inscriptions. « Nous avons actuellement 100 inscrits. Nous pouvons accueillir seulement une dizaine de personnes à la fois, donc pour l’instant nous pouvons difficilement avoir davantage d’inscrits », regrette Vance Bergeron. La salle est ouverte 5 jours sur 7, de 10 heures à 18 heures « Nous allons écrire un livre blanc pour expliquer comment monter une salle identique dans d’autres villes », prévoit Vance Bergeron. Une autre salle devrait prochainement voir le jour au sein de l’hôpital Desgenettes à Lyon et d’autres villes, comme Montpellier et Dijon, devraient aussi bientôt avoir leurs salles adaptées.
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