L'IVG, histoire d'une lutte

Le film ne se veut pas objet esthétique ou réflexion théorique. Son ambition relève de l'enjeu de mémoire, retrouver ce temps d'avant le vote de la loi Veil où des femmes créaient des collectifs afin de pratiquer des avortements encore interdits. Le Mouvement pour la libération de l'avortement et de la contraception (Mlac) créé en avril 1973 a été au cœur de ce processus de conquête d'un nouveau droit. Moment unique, des femmes s'entraidaient avec l'aide de médecins militants. Au carrefour du politique, du féminisme et de nouvelles luttes, le film est aussi le parcours d'une émancipation, celui d'une ouvrière, mère de deux enfants, qui, à la suite d'une IVG pratiquée dans le cadre de ces collectifs, découvre les principes de la solidarité et de l'empathie. Et débutera une formation d'infirmière. Cette volonté d'autonomie se traduit aussi face au corps médical. Pourquoi les seuls médecins disposeraient du monopole de la pratique de l'IVG ? C'était bien avant la réflexion sur les délégations de tâches et le divorce avec les gynécologues. La réalisatrice, Blandine Lenoir, brasse ces thématiques et bien d'autres encore comme la résistance de syndicalistes hommes à ces nouvelles luttes avec sensibilité et pertinence, même si la volonté pédagogique se révèle trop visible. Elle a bénéficié à cet égard de l'éclairage de Lucile Quéré (voir son entretien). Alors à défaut d'un grand film, Blandine Lenoir signe un film utile qui crée du lien entre générations.