L'iode radioactif pour hyperthyroïdie augmente un peu la mortalité par cancer solide

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Publié le 03/07/2019

L'iode radioactif pour hyperthyroïdie augmente-t-il le risque de cancer solide ? Oui, répond la Cooperative thyrotoxicosis therapy follow-up study, menée avec un soutien institutionnel, après une extension de suivi de 24 ans, soit près de sept décennies au total. L'étude est publiée dans « The JAMA Internal Medicine ».

Cette cohorte anglo-saxonne, menée chez 18 805 patients, rapporte une association modeste, mais significative, entre les doses les plus élevées et la mortalité globale par cancer solide (6 % d'augmentation du risque pour une dose de 100 mGy à l'estomac), ainsi que la mortalité spécifique par cancer du sein (12 % d'augmentation du risque pour une dose de 100 mGy au sein).

Selon les épidémiologistes des Instituts nationaux de la santé américains (NIH), pour 1 000 patients âgés de 40 ans traités par une dose standard d'iode radioactif pour hyperthyroïdie, cela se traduit par un excès de 19 à 32 décès par cancer solide attribuable à l'iode radioactif.

Une option parmi d'autres

L'iode radioactif, introduit dans les années 1940 et préférentiellement utilisé aux États-Unis par rapport à la chirurgie avant l'arrivée des anti-thyroïdiens de synthèse (ATS), n'est pas aujourd'hui le traitement de première intention de l'hyperthyroïdie. Si l'iode radioactif reste une option possible, le risque de survenue de cancer restait mal connu.

La cohorte historique de la Cooperative thyrotoxicosis therapy follow-up study, la plus importante jamais constituée, avait inclus plus de 35 000 patients traités par iode radioactif entre 1946 et 1964, dans 25 centres américains et un centre britannique. Après un suivi mené jusqu'en 1990, l'étude n'avait pas mis en évidence d'augmentation de mortalité par cancer solide.

Un risque modeste mais à connaître

Ici, l'âge d'entrée moyen était de 49 ans. La très grande majorité des patients était des femmes (78 %) et il s'agissait dans 93,7 % d'une maladie de Basedow. Au cours du suivi, en moyenne de 26 ans et au maximum de 68 ans, 15 484 décès (82,3 %) sont survenus. Le cancer était la première cause pour 2 366 décès (15,3 %). Pour leurs estimations, les chercheurs ont comparé les risques relatifs avec les taux actuels de mortalité mesurés aux États-Unis.

Les épidémiologistes concèdent que l'augmentation du risque de mortalité par cancer solide reste modeste et qu'un ajustement n'a été fait que pour la prise concomitante d'ATS d'ancienne génération, pas pour les plus récents. De plus, d'autres facteurs de risque connus tels que le tabac, l'alcool ou les traitements hormonaux n'ont pas été pris en compte.

« Mais l'iode radioactif est toujours un traitement utilisé pour l'hyperthyroïdie, estime le Dr Cari Kitahara des NIH, premier auteur. C'est important pour les patients et leurs médecins de discuter des risques et des bénéfices pour chaque option thérapeutique. Nos résultats y contribuent. » Pour les chercheurs, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour comparer la balance bénéfice/risque de l'iode radioactif par rapport aux nouveaux ATS sur le très long terme.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr