Selon un sondage* réalisé par Opinion Way pour le laboratoire Merck, 45 % des Français estiment que la période de Noël est propice au désir d'enfant. Un désir auquel n'échappent pas les couples confrontées aux troubles de la fertilité : « il y a deux moments symboliques difficiles, dans l'année, pour les personnes en parcours d'infertilité ou d'assistance médicale à la procréation [AMP] : la fête des mères et Noël », indique Virginie Rio, cofondatrice de l'association collectif BAMP (association de parents de l'AMP et de personnes infertiles). Selon Santé publique France (SpF), en 2012, 18 à 24 % des couples étaient confrontés à des problèmes d'infertilité après 12 mois sans contraception (1 couple sur 4 à 6), et 8 à 11 % après 24 mois.
Probabilité de concevoir
En moyenne, les sondés estimaient que l'âge maximum pour avoir un enfant était de 39 ans chez une femme et 45 ans chez un homme, et 90 % d'entre eux plaçaient la maladie comme 1re cause expliquant les troubles de fertilité. « Les futurs parents ne sont pas toujours bien informés sur le fait que les chances de concevoir un enfant se réduisent avec l'avancement en âge de la mère, regrette le Pr René Frydman, gynécologue spécialiste des questions de fertilité. La probabilité de concevoir est de 25 % par cycle en moyenne à 25 ans pour les couples normalement fertiles et diminue fortement à partir de 35 ans », ajoute-t-il. Une probabilité qui passe à 12,5 % à 35 ans et 6 % à 42 ans. Or, selon l'Institut national d'études démographiques (INED), l'âge moyen à la maternité, en France, était de 30,7 ans chez les femmes en 2017, contre 26,7 en 1975.
Enfin, 81 % des personnes interrogées estimaient que la consommation d'alcool, de tabac ou de stupéfiants jouait un rôle dans l'infertilité et 77 % l'exposition aux perturbateurs endocriniens. « Le facteur de risque le plus démontré dans les études, c'est le tabac : on perd 5 % sur 25 % de fertilité moyenne », indique le Pr Frydman. Pour les autres polluants (pesticides, bisphénols, etc.), « c'est beaucoup plus difficile à démontrer et l'on a besoin de plus d'études pour mettre en évidence une éventuelle implication », ajoute-t-il.
Prise en charge multidisciplinaire
Si l'information sur les risques d'infertilité liés aux addictions est bel et bien faite, le Pr Frydman estime cependant qu'elle « n'aboutit pas à des changements importants de comportements ». Selon lui, « il faut prendre en charge les couples infertiles victimes de leur addiction de façon concrète ». Ce qui implique « une réforme de l'organisation de l'offre de soin qui mise sur une prise en charge multidisciplinaire - nutritionniste, psychologue, addictologue, etc.- pour que les professionnels de santé travaillent ensemble autour de la même personne », indique le médecin. Il faut également une prise en charge globale du couple « avec un temps relationnel sorti de l'efficience technique », ajoute-t-il.
Enfin, si le gynécologue, qui a lancé un appel pour un plan fertilité dans le journal Libération le 24 septembre 2018, estime qu'informer la population de manière générale sur les causes de cette infertilité est nécessaire, il plaide également pour une information ciblée à destination des femmes de 32-34 ans. « Pourquoi ces femmes ne recevraient-elles pas, sur le modèle de ce qui se fait pour le dépistage organisé des cancers du sein, de l'utérus et colorectal, une information sur la baisse de la fertilité liée à l'âge ? Cela permettrait de savoir où la femme en est pour, éventuellement, lui proposer, avec toutes les précautions d'usage et informations nécessaires, une autoconservation d'ovocytes, si c'est la seule solution. À l’heure actuelle, nous sommes beaucoup trop dans la réponse thérapeutique, et pas assez dans la prévention. »
*Sondage réalisé les 21 et 22 novembre 2018 auprès de 1060 personnes âgées de 18 ans et plus
D'après une conférence de presse organisée par le laboratoire Merck
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