« L`orfèvre et sculpteur italien naquit à Florence en 1500 et mourut en 1571. Son autobiographie renseigne bien sur la pratique médicale de cette époque. Cellini était à la fois un libertin et un “ bravo ”. Deux fois on essaya de l’empoisonner : la première fois avec de la poudre de diamant et la deuxième, selon ses dires, avec du sublimé corrosif. Le Dr Power, dans un article paru dans le “ Quarterly Medical Journal ” croit plutôt qu’il s’agissait dans ce cas d’arsenic.
D’après le récit même de Benvenuto Cellini, les grandes maladies de l’époque étaient la peste, les fièvres intermittentes et la syphilis. Notre artiste souffrit tout à tour de chacune d’elles. Il n’eut qu’une attaque assez légère de peste durant l’épidémie italienne de 1522-1523 qui lui causa, cependant, un bubon, lequel fut pausé à la charpie.
Ses accès de fièvre intermittente furent nombreux. Il en fut traité par Francisco de Norcia, le plus célèbre médecin du temps.
Cellini contracta la syphilis après la grande épidémie qui causa tant de ravages, c’est-à-dire à un moment où la maladie avait déjà perdu beaucoup de son acuité. Il indique comment il la contracta et bien qu’il ne signale pas de chancre, le Dr Power démontre qu’il eut de l’iritis et une syphilide tertiaire (bien indiscret notre confrère et bien affirmatif !). Il refusa de se soumettre au traitement mercuriel et préféra se soigner lui-même au gayac.
Le Dr Power rappelle que le relâchement des mœurs était tel qu’aucune idée déshonorante ne s’attachait alors à la syphilis. Cellini y fait une maligne allusion quand il raconte qu’à Rome le mal frappait surtout les prêtres, principalement les plus fortunés.
Une autre fois, c’est un éclat d’acier qui se loge dans l’œil de Cellini et en est retiré par l’habileté d’un rebouteur.
Au moment où il s’échappe du château Saint-Ange, Cellini se casse la jambe. Cette évasion fut considérée comme un vrai miracle. Mais, dit Cellini, le pape avait réalisé le même exploit quand il était jeune, avec plus de succès encore, alors qu’on l’avait emprisonné comme faussaire. Cellini fut vite rattrapé. On le renferma dans un donjon suant l’eau et fourmillant d’araignées et d’insectes venimeux. On ne lui fournit qu’un misérable grabat rempli de chanvre grossier, d’où suintait l’eau comme une éponge, au bout de quatre jours. Il resta quatre mois enfermé et, au bout de ce temps, sa jambe fracturée était aussi solide qu’une barre de fer.
Le deuxième emprisonnement de Cellini fut terrible car il se trouvait à la merci d’un geôlier qui était si fou qu’il croyait être tantôt une chauve-souris, tantôt une grenouille, tantôt même une jarre pleine d’huile. Le pape, suivant Cellini, lui aurait mandé de faire périr son prisonnier comme il l’entendrait. Heureusement que le geôlier, dans un moment de lucidité, prit pitié de son prisonnier et favorisa son évasion. Pendant cet emprisonnement, la raison de Cellini semble s’être altérée : il aurait tenté de se suicider et il eut des hallucinations visuelles et auditives.
Tout en appréciant l’intérêt de ces renseignements, est-il utile de dire qu’il ne faut les accueillir qu’avec une extrême circonspection car nul n’ignore que Benvenuto Cellini était, de son propre aveu du reste, un fieffé menteur. »
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