Les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP), utilisés pour traiter les reflux gastriques, sont de nouveau sur la sellette… Des études ont déjà suggéré que leur utilisation augmenterait le risque d’infections pulmonaires et favoriserait l’ostéoporose. Au mois de juin, des chercheurs américains annonçaient qu’ils étaient associés à un risque accru d’infarctus, désormais, deux nouvelles équipes signalent que les IPPs contribuent au développement de l’insuffisance rénale chronique. Leurs travaux* seront présentés au congrès annuel de l’association américaine de néphrologie (ASN Kidney Week), qui se déroule la semaine prochaine (du 3 au 8 novembre) à San Diego.
Risque d’insuffisance rénale accru de 20 à 50 %
Une des équipes, de l’université John Hopkins, a suivi de 1996 et 2011 près de 10 500 patients avec une fonction rénale normale à l’inclusion. D’après leurs résultats, les participants prenant des IPP présentaient un risque accru de 20 à 50 % de développer une insuffisance chronique rénale. Les chercheurs ont confirmé leurs observations dans une autre étude, menée en parallèle, sur 240 000 patients suivis entre 1997 et 2014. « Dans nos travaux, les personnes qui utilisaient une autre classe de médicaments pour combattre leur acidité gastrique – nommément les antihistaminiques H2 – ne présentaient pas de risque accru d’insuffisance rénale », fait remarquer le coordinateur des deux études, le Dr Benjamin Lazarus.
Risque de mort prématuré accru de 76 %
L’autre équipe à présenter ses résultats au congrès de l’ASN, de l’université de Buffalo, montre que sur plus de 24 000 patients ayant développé une insuffisance rénale entre 2001 et 2008, plus d’un quart était traités par IPP. D’après leurs résultats, ces patients présentaient un risque accru de 10 % de développer une insuffisance rénale chronique et de 76 % de mort prématurée. Par contre, leurs observations ont aussi montré que ces patients présentaient un risque diminué de maladies vasculaires, de diabète, d’hypertension, et de bronchopathie chronique obstructive (BPCO). Ce qui peut rajouter à la confusion.
« Les IPP sont souvent prescrits en dehors des recommandations d’utilisation, explique le Dr Pradeep Arora, qui a dirigé cette étude. Et on estime que presque deux tiers des patients sont traités inutilement par IPP. »
En France, avec plusieurs IPP disponibles en pharmacie sans ordonnance, ces médicaments sont classés parmi les 100 plus prescrits, selon la Caisse nationale d’assurance-maladie.
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