Cancer de l’ovaire

Les inhibiteurs de PARP confirment leur intérêt

Publié le 14/09/2015
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Parmi les molécules ciblées autorisées dans le cancer de l’ovaire, seul le bevacizumab apportait jusqu’à présent un modeste gain de survie sans progression (SSP) chez certaines patientes. L’étude de phase III ICON7 avait en effet évalué son ajout à la chimiothérapie par carboplatine-paclitaxel en première ligne (1). Elle démontrait la supériorité du bevacizumab versus placebo quant à la SSP – objectif principal de l’étude – mais pas en termes de survie globale. Une analyse post-hoc montre que la différence de SSP est retrouvée dans tous les sous-groupes étudiés, et que la survie globale est améliorée dans le sous-groupe à haut risque, inchangée dans les autres groupes.

Dans cette étude, la majorité des patientes étaient considérées comme ayant eu une chirurgie optimale. « En l’absence d’effet sur la survie globale, la décision d’ajout de bevacizumab est à discuter en RCP pour les patientes en résection optimale. Quant aux patientes de stade III avec résidu tumoral ou de stade IV, le bénéfice observé avec le bevacizumab conduit à recommander son utilisation en routine », résume le Dr Thibault de la Motte Rouge (Institut Curie).

Au-delà de la mutation BRCA

En bloquant les capacités de réparation de l’ADN, les anti-PARP provoquent la mort des cellules tumorales, par excès de mutations non contrôlées. L’olaparib est le premier inhibiteur de PARP ayant obtenu une AMM. En Europe, elle concerne le traitement d’entretien après chimiothérapie pour des patientes ayant une mutation de BRCA somatique ou germinale en rechute, sensibles aux sels de platine. Aux États-Unis, l’olaparib a obtenu l’AMM en monothérapie chez des patientes BRCA mutées ayant reçu au moins 3 lignes de chimiothérapie.

Cet anti-PARP est testé chez les patientes porteuses d’une mutation BRCA1 ou BRCA2 dans les études Solo 1 et Solo 2. Ces deux études internationales de phase III, randomisées, en double aveugle contre placebo, évaluent, dans Solo 1 un traitement d’entretien par olaparib en monothérapie dans les cancers de l’ovaire avancés chez des patientes mutées BRCA ayant reçu une première ligne de chimiothérapie à base de platine et, pour Solo 2 un traitement d’entretien par olaparib en monothérapie dans les cancers de l’ovaire en rechute, sensibles au platine, chez des patientes mutées BRCA, en réponse complète ou partielle d’une chimiothérapie à base de platine.

« Parmi les études intéressantes présentées à l’ASCO, il faut insister sur ARIEL 2, déclare le Dr de la Motte Rouge (2). Cet essai, mené avec le rucaparib, a apporté la preuve que les anti-PARP pouvaient être efficaces non seulement chez les patientes mutées BCRA mais également chez celles qui présentent un profil génomique similaire aux patientes BRCA, présentant des déficits de réparation de l’ADN. C’est le premier essai clinique qui le démontre ».

Les effets des PD1 et PDL1 sont également explorés dans le cancer de l’ovaire. Plusieurs essais vont être lancés prochainement.

À signaler aussi, l’essai européen PAOLA1, étude de phase III, multicentrique, randomisée, en double aveugle, comparant l’olaparib au placebo chez des patientes présentant un cancer avancé de l’ovaire, des trompes de Fallope ou du péritoine, de stade FIGO IIIB-IV, séreux ou endométrioïde de haut grade, traitées en première ligne par chimiothérapie associant un sel de platine et un taxane avec le bevacizumab pendant la chimiothérapie puis en entretien.

Entretien avec le Dr Thibault de la Motte Rouge, service d’oncologie médicale, Institut Curie, Saint-Cloud

(1) ASCO 2015. Gonzalez-Martin A et al. Abs 5548

(2) ibid. McNeish IA et al. Abs 5508

Dr Brigitte Martin

Source : Congrès spécialiste