« C’est toujours un challenge de venir au Congrès de la médecine générale mais je ne connaissais pas encore le nouveau président du Collège. J’aurais sûrement écrit mon discours autrement. » Agnès Buzyn a confessé avec amusement ce jeudi combien il n’était pas facile de répondre au discours du Dr Paul Frappé, lors de la cérémonie d’ouverture du 13e Congrès de la médecine générale, au Palais des Congrès de Paris. Le tout nouveau président du Collège de la médecine générale a en effet fait preuve de beaucoup d’humour au point de s’adjuger une standing-ovation.
Entre les citations de Jean-Claude Vandamme, les gifs animés et les montages photos humoristiques, Paul Frappé a su faire passer habilement quelques messages à la ministre de la Santé, notamment pour critiquer la loi Santé. Le généraliste quadragénaire de Saint-Etienne a rappelé que la discipline serait vigilante à ce que la réforme n’accouche pas de « mesures en trompe l’œil pour donner l’illusion de faire bouger les lignes ». Sur le volet de l'organisation des soins, avec le déploiement des équipes de soins primaires ou les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), le président du Collège a rappelé son attachement « à défendre la diversité d’exercice » et pas le seul exercice coordonné. Il a alerté sur le risque d'élaborer des projets de parcours de santé centrés sur les pathologies plutôt que sur le patient. « Attention à ne pas construire des cloisons », a-t-il mis en garde.
S'il est désireux de lutter contre les inégalités territoriales d’accès aux soins, le CMG s'oppose à toute velléité de coercition. Sur la délégation des tâches, « ne nous leurrons pas, elle n’allège pas nos responsabilités mais renforce notre rôle de coordination », prévient le Dr Frappé qui a également alerté sur la « frénésie de recueil de données » ou sur les fantasmes entourant l’intelligence artificielle qui « pourrait permettre de nous augmenter plutôt que nous remplacer ».
Pas une réforme technocratique, selon Buzyn
Enfin sur les différentes mesures touchant aux études médicales (réformes de la PACES et des ECN, NDLR), le généraliste a souligné qu’il faudrait à l'avenir s’attacher à « la bienveillance de la formation reposant sur une présomption de compétence ».
La ministre de la Santé a tenu à rassurer les médecins généralistes sur le fait que la loi santé « cherchait à structurer les réseaux de proximité » : « Votre discipline est par excellence celle de ce réseau de proximité ». Agnès Buzyn a aussi réaffirmé que cette loi devait donner toute sa place au terrain à l’image des CPTS « qui ne seront pas un objet administratif mais un outil dont seul les professionnels de santé ont le pouvoir de s’emparer ».
Agnès Buzyn a assuré avoir pris « des mesures fortes et des moyens sans précédent pour renforcer la première ligne de soins de manière non normative ». « Ces mesures peuvent apparaître technocratiques mais elles visent à redonner du sens à votre exercice », a-t-elle affirmé avant de conclure : « Je sais que je peux compter sur vous et vous pouvez compter sur moi ».
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