Le Pr Pierre Louis Druais, président-fondateur du Collège de la Médecine Générale en 2009, n’ira pas au terme de son mandat prévu en décembre. Selon nos informations, il devrait démissionner de son poste pour être nommé dans les prochains jours à la Haute Autorité de Santé. Il devrait prendre la vice-présidence d'une Commission Recommandations, Pertinence, Parcours et Indicateurs, placée sous la responsabilité directe de la présidente du Collège de la HAS, le Pr Dominique Le Guludec.
Cette instance de la HAS, ancienne Commission des stratégies de prise en charge où Pierre-Louis Druais a déjà siégé, aura des compétences élargies. Elle sera chargée de préparer les recommandations proposées aux professionnels de santé ou aux pouvoirs publics en termes de bonne pratique ou d’organisation des soins. Elle sera aussi tenue d’élaborer des stratégies de prise en charge en termes de parcours de santé et des indicateurs de pertinence correspondants, une notion très chère à la HAS qui n’entend plus établir des protocoles sans les évaluer. La commission pourra aussi être sollicitée pour donner un avis sur la faisabilité scientifique, les notes de cadrage et la méthode d’élaboration des recommandations.
Une reconnaissance pour la médecine générale
Cette nomination intervient à deux mois du 13e congrès de la médecine générale qui se déroulera à Paris du 4 au 6 avril au Palais des Congrès. Le départ inattendu du Pr Druais pose la question de sa succession au CMG. Les statuts du Collège prévoient qu’en cas de vacance de présidence, il revient à l’un des trois vice-présidents - les Drs Pascal Charbonnel, Frédéric Villebrun ou Antoine de Beco - d’assurer l’intérim jusqu’à l’élection du président prochain. Ce vote devrait intervenir le 14 mars lors du prochain Conseil d’administration du CMG.
Cette nomination revêt une importance symbolique forte. Avec le Pr Druais, la médecine générale entre de plain-pied à la HAS. Expert en soins primaires et nourri aux hormones de l’evidence based medicine, l’ancien président du CNGE a inlassablement défendu la spécialité médecine générale dès les années 2000. Et a contribué activement à l’imposer dans le paysage politique et scientifique du monde de la santé. En 2015, il avait remis un rapport à Marisol Touraine sur la valorisation et la place de médecine générale dans le système de santé.
Pour des recos proches de la « vraie vie »
Le généraliste de Port-Marly (Yvelines) a aussi régulièrement fustigé les recommandations officielles, jugées trop éloignées de la « vraie vie » des médecins généralistes et trop « organo centrées » pour des patients polypathologiques. Il s’est par le passé montré sceptique sur la notion de parcours de soins par pathologies. Alors que compte-t-il faire et quelle sera sa marge de manœuvre dans ce bastion empreint d’hospitalo-centrisme qu’est la HAS ? Contacté par Le Généraliste, le Pr Druais n'a pas souhaité s'exprimer. Ce généraliste obstiné et convaincu devrait poursuivre son combat pour infléchir le cours des recos et les rendre plus opérationnelles. Souhaitons-lui pour la médecine générale de réussir. Ou la discipline mettra du temps à s’en remettre.
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