Après l’adoption d’un décret-loi remplaçant les permis de séjour humanitaires auparavant accordés aux demandeurs d’asile pour une durée de deux ans par des titres valables seulement pour douze mois, l’Italie durcit ultérieurement sa politique migratoire en s’attaquant au chapitre de l’assistance médicale.
À partir de 2019, les vingt régions italiennes ne seront plus obligées à utiliser le fonds alimenté chaque année par l’état à hauteur de 31 millions d’euros pour soigner les migrants qui ne bénéficient pas de la sécurité sociale italienne. Introduit en 2011, ce fonds concerne surtout les clandestins et les demandeurs d’asile en attente d’un permis de séjour. Selon l’amendement inséré lundi matin dans le projet de budget 2019, les 31 millions seront désormais « insérés dans le budget couvrant les besoins de santé de base au niveau national ». Cette enveloppe sera répartie entre les régions selon « des critères et des modalités de coûts standards ».
Soigner ces nouveaux invisibles
Cette décision purement politique qui s’inscrit dans la nouvelle ligne gouvernementale ciblant la réduction du contingent migratoire en Italie, a fait sursauter la communauté médicale et l’opposition. « En interdisant l’accès aux soins à une tranche de la population migratoire particulièrement faible puisqu’elle ne peut pas avoir automatiquement accès à la sécurité sociale étant soit en situation d’attente, soit clandestine, on met toute la population en danger en créant un terrain favorable au risque de contamination », estime le Dr Marco Macri.
Pour Nicola Zingaretti, gouverneur démocrate du Latium, l’une des régions italiennes à forte densité migratoire, cette décision est synonyme de retour en arrière d’un point de vue social et culturel. « Nous demanderons à tous les centres de sécurité régionaux du Latium, de soigner tout le monde sans aucune distinction, même les nouveaux invisibles », a ajouté Nicola Zingaretti.
Ces nouveaux invisibles, ce sont les migrants expulsés ou en voie de l’être, après l’adoption du décret-loi modifiant le dispositif sur les permis humanitaires. Car depuis l’adoption de ce texte, vingt-trois demandeurs d’asile dont une femme enceinte de trois mois et un nouveau-né de cinq mois ont été expulsés du centre d’accueil de Crotone (Sud) et abandonnés sous une pluie battante devant la gare.
Avec la nouvelle norme, leur titre de séjour transitoire n’étant plus valable, ces migrants ne peuvent plus séjourner dans les structures d’accueil. Selon les estimations des associations humanitaires, deux cents migrants devront quitter rapidement le centre d’accueil de Crotone et mille autres les centres implantés en Calabre (Sud).
« Toutes ces personnes vont devoir s’arranger, au niveau sanitaire, cette situation est inacceptable car elles n’auront plus de logement mais aussi plus aucun accès aux soins », estime Francesco Parisi, président de la section calabraise de la Croix-Rouge.
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