Resté dans l'histoire pour avoir veillé sur les derniers moments de Vincent Van Gogh, Paul-Ferdinand Gachet est né en 1828 à Lille, fils d'un important filateur du Nord. Très tôt intéressé par les arts et plus particulièrement par la peinture, Gachet se résolut néanmoins en 1848 à entamer, contre la volonté de son père, des études de médecine à Paris.
Un étudiant en médecine dilettante
Même s'il se prend d'intérêt pour les maladies mentales et découvre l'homéopathie inventée par Samuel Hahnemann, il se montre un étudiant bien peu assidu. Après avoir pris sa première inscription, il retourne dans sa famille à Lille avant de faire son service militaire dans la cavalerie. Revenu à Paris, reprendre ses études médicales, Gachet se montre toujours aussi dilettante et la Faculté doit le prévenir que "ses inscriptions seront perdues s'il laisse passer l'année scolaire".
Parallèlement, Paul Ferdinand Gachet s'adonne à ses passions : la peinture, la gravure et l'art en général. Introduit par Armand Gautier (1825-1894), peintre du mouvement réaliste, Gachet fréquente les milieux artistiques et littéraires parisiens. Il fait connaissance de Murger, Champfleury, Courbet, Duranty, Proudhon...
Une thèse sur « la mélancolie »
Finalement, Gachet finit par obtenir les six inscriptions requises pour entrer comme élève dans les hôpitaux et il intègre le service de Trousseau, aux Enfants malades. Il va suivre ensuite les services de la Maison Nationale de Santé, de Bic être, de la Salpêtrière, de la Pitié et de Lourcine. Après avoir participé volontairement à une mission contre le choléra dans le Jura, Gachet finit par obtenir son diplôme de docteur en médecine après avoir présenté, en 1858, sa thèse : "Étude sur la mélancolie " à la Faculté de Montpellier.
Paul-Ferdinand revient alors à Paris pour y ouvrir un cabinet 9, rue Montholon ; il y pratique la médecine générale mais commence à se spécialiser dans les maladies nerveuses. En 1863, il s'installe 78, faubourg Saint-Denis pour y ouvrir un cabinet "électro-médical" (!)
L'héritage paternel l'ayant mis à l'abri du besoin, Gachet va ralentir son activité après la guerre de 1870 où il a servi dans l'ambulance du Grand Orient et il peut s'acheter en 1872 sa fameuse maison d'Auvers-sur-Oise afin que son épouse, malade, « respire du bon air » . Là, il va se lier d'amitié avec Camille Pissarro qui réside à Pontoise et dont il soigne les enfants. Le peintre va le mettre en contact avec Cézanne et Guillaumin, lui ouvrant les portes du cercle impressionniste. De nombreux artistes fréquentent alors la maison du Dr Gachet : Daubigny, Oudinot, Geoffroy Jules Dupré mais aussi Daumier dont le médecin tente d'enrayer la cécité qui le menace ; Cézanne revient à Auvers dans le voisinage immédiat du Docteur Gachet, avec sa famille, peignant des fleurs et des natures mortes.
Agité et un peu excentrique
Le Dr Gachet s'inscrit à de nombreuses sociétés d'art et de philanthropie, passe de l'Histoire de Paris à l'Anthropologie, s'intéresse à tout. Mais, malgré tous ses efforts pour être partout, il est à peine considéré, jugé très agité et un peu excentrique. Paul-Ferdinand Gachet qui se prétend un petit talent de peintre expose aussi au Salon des indépendants sous le pseudonyme de Paul Van Ryssel et fréquente les « dîners du Rouge et du Bleu » aux côtés de Georges Pierre Seurat (1859-1891), Paul Signac (1863-1935), Lucien Pissarro (1863-1944), Odilon Redon (1840-1916).
Portraituré par Van Gogh avant le suicide de celui-ci
En 1890, Van Gogh vient s'installer à Auvers-sur-Oise, Gachet ayant promis à son frère Théo de prendre soin de lui. Il lui a ainsi loué une petite chambre dans l’auberge Ravoux.
Début juin 1890, le peintre hollandais va réaliser le portrait du Dr Gachet avec une branche de digitale. Tout au long de son séjour dans le Vexin français, Van Gogh va souffrir d'accès psychotiques jusqu'à ce 27 juillet 1890 quand, dans un champ derrière le château où il peint peut-être une ultime toile, il se tire un coup de revolver dans la poitrine. Revenu boitillant à l'auberge Ravoux, il monte directement dans sa chambre. Ses gémissements attirent l'attention de l'aubergiste qui fait venir le docteur Gachet qui, à part un bandage sommaire ne peut pas faire grand-chose. Vincent van Gogh meurt deux jours plus tard, à l'âge de 37 ans, avec à son chevet son frère Théo et Gachet.
Le Dr Gachet, qui sera suspecté d'avoir peint avec son fils, Paul-Louis, de faux Van Gogh après la mort de ce dernier, est décédé pour sa part dans sa maison d'Auvers-sur-Oise en 1909 entouré de la fabuleuse collection de tableaux qu'il avait rassemblé.
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