Les pratiques interventionnelles radioguidées (PIR), en pleine expansion ces 15 dernières années, inquiètent l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Si la radioprotection dans le domaine médical est globalement satisfaisante, a indiqué Bernard Doroszczuk, président de l'ASN lors de ses vœux à la presse, les pratiques interventionnelles radioguidées font exception, « où une amélioration encore insuffisante est constatée », à la fois pour les patients et les professionnels, a-t-il relevé.
Les PIR dans le viseur d'une décision sur l'assurance qualité
Dans sa décision très attendue sur l'assurance qualité en imagerie médicale publiée le 13 février au « Journal Officiel », l'ASN met l'accent sur quatre points principaux, dont trois sont des problématiques prégnantes pour les PIR : l'optimisation des doses, la formation des professionnels et l'enregistrement des erreurs et des dysfonctionnements internes. En revanche, la justification des actes, le 4e point qui demande de formaliser par écrit la validation de chaque examen d'imagerie, bouscule les pratiques en ville mais concerne peu les PIR. L'entrée en vigueur est prévue le 1er juillet 2019.
Un cursus initial inadapté
« Contrairement aux radiologues, aux radiothérapeutes et aux médecins nucléaires, les cardiologues, neurologues ou les orthopédistes ne sont pas formés dans leur cursus à la radioprotection, explique le Pr Philippe Chaumet-Riffaud, commissaire à l'ASN. Certains portent des dosimètres, mais d'autres non. La dose reçue aux extrémités est trop élevée, des événements sérieux sont rapportés. Deux internes à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière ont mis les doigts dans le faisceau primaire. Tout le personnel devrait savoir comment un arceau fonctionne ». Par ailleurs, l'ASN, qui vient d'approuver en septembre 9 guides de plan de formation proposés par les sociétés savantes, est toujours en attente de ceux pour les PIR.
L'ASN remet l'accent sur la formation des utilisateurs de machines, - qui est normalement obligatoire depuis 2014 - en demandant que chaque centre précise par écrit le plan prévu pour ses salariés, notamment lors de l'acquisition de nouvelles machines. Un incident très sérieux hors PIR est survenu au Mans en mars 2018 chez une femme enceinte passant un TDM du rachis lombaire. « La manipulatrice d'électro-radiologie médicale (MERM), qui ne connaissait pas le fonctionnement du nouvel appareil, a appuyé à 50 reprises sur le bouton "1 de plus", en pensant bien faire. La patiente a été surexposée à une dose de 1.6 grays », a indiqué Philippe Chaumet-Riffaud.
Inciter à déclarer les erreurs
Ce type d'accident rappelle également la nécessité de déclarer les événements sérieux de radioprotection (ESR). L'objectif de l'ASN est que l'imagerie suive l'exemple de la radiothérapie, qui a fortement adhéré suite aux accidents d'Épinal et de Rangueil. « Les professionnels des PIR ne sont pas du tout au point, indique le commissaire de l'ASN. Le taux de déclaration est très bas, il est certain qu'il existe une sous-déclaration ». En radiothérapie, la participation active permet de faire des retours d'expérience (Rex), faisant l'objet de publications thématiques bianuelles (par exemple, les erreurs de côté). « L'idée est de faire la même chose en imagerie, a expliqué Philippe Chaumet-Riffaud. C'est ce qui a été fait avec l'accident survenu au Mans ».
Dans le cadre des nouvelles maquettes de l'internat en 2017, il est prévu que tous les internes amenés à réaliser des PIR reçoivent une formation théorique et pratique sur l'optimisation de doses pour le patient et leur propre protection.
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