En matière de greffe de rein, un nouveau record de longévité vient d'être atteint en France. Opéré il y a plus de 50 ans à l'hôpital Foch (Suresnes) par les professeurs René Küss et Marcel Legrain - pionniers de la transplantation rénale - Jean-Pierre Saliège est, actuellement, en bonne santé et la fonction de son greffon est normale.
La « renaissance » de ce retraité français de 71 ans trouve sa genèse le 2 décembre 1968, lorsque sa mère, Jacqueline Saliège, lui donne un rein. À l’époque, Jean-Pierre Saliège a 20 ans : il est atteint d'insuffisance rénale terminale due à une uropathie malformative. Ce patient bénéficie alors d'une double néphrectomie et d’une transplantation rénale dans le même temps opératoire. Si la compatibilité (groupe sanguin et HLA) entre Jacqueline Saliège et son fils est importante, il existe, toutefois, une part d'inconnu dans la durée de vie hors norme de ce greffon.
« Nous allons réétudier leur compatibilité avec les connaissances actuelles, à la recherche d'une explication. Une chose est sûre : le receveur a toujours pris son traitement immunosuppresseur qui ne comporte pas d'inhibiteurs de calcineurine néphrotoxiques », explique le Pr Benoît Barrou, urologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
60% des organes greffés sont des reins
En 2017, à Los Angeles, un autre patient a passé les 50 ans de greffe de rein. « D'autres cas de greffe rénale durant plus d'un demi-siècle existent probablement. Mais cela reste exceptionnel », précise le Dr Renaud Snanoudj, néphrologue à l'hôpital Foch. Aujourd'hui, en France, environ 3 700 greffes de rein sont effectuées chaque année. En 2017, le rein a représenté 60 % des greffes d'organes. « La greffe de rein concerne les patients ayant une maladie menant à l'insuffisance rénale chronique terminale (IRCT). 50 % des cas d'IRCT sont liés à l'hypertension artérielle et au diabète », souligne le Dr Snanoudj. En France, une trentaine de centres hospitaliers sont habilités à réaliser une greffe de rein. Le délai d'attente pour les patients est, en moyenne, de deux ans.
Favoriser le don
84% des reins transplantés proviennent de donneurs décédés et seuls 16 %, de donneurs vivants. « La communauté médicale doit encourager davantage les donneurs vivants. Par ailleurs, les coordonnateurs de prélèvement demandent toujours l'autorisation de prélever les organes à la famille d'un défunt. Un tiers des familles refusent alors même que la personne ne s'y était pas opposé de son vivant », constate le Dr Snanoudj.
Enfin, d'autres défis restent à relever. Les avancées de l'immunosuppression ont grandement amélioré le fonctionnement des reins greffés à court terme. « En revanche, des progrès doivent être effectués pour une meilleure acceptabilité du greffon à moyen et long terme. Les patients qui le conservent durant plusieurs décennies ne sontpas assez nombreux », conclut le Dr Snanoudj.
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