Italie : controverses politiciennes autour de l’utilité de la mammographie

Publié le 14/05/2015
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Crédit photo : AFP

Dans l’espoir de reprendre le devant de la scène politique italienne, Beppe Grillo, comique de profession mais aussi fondateur du Mouvement 5stelle ( mouvement 5étoiles ), a récemment ouvert un front contre l’ancien ministre de la santé du gouvernement de centre gauche, le cancérologue Umberto Veronesi.

« Umberto Veronesi fait de la publicité à la télévision pour promouvoir les mammographies, ceci afin d’obtenir des subventions pour son centre de cancérologie », tonnait récemment le trublion, alors qu’il manifestait en faveur du revenu de nationalité, le revenu de base qui serait versé seulement aux Italiens en difficultés. « Veronesi dit qu’il faut faire une mammographie tous les deux ans, mais la différence de pourcentage de maladies entre les femmes qui la font tous les deux ans et celles qui en font une occasionnellement est de deux sur mille. En vérité, il touche de l’argent des personnes qui vendent les appareils pour faire les mammographies ».

Le géant à la chevelure hirsute s’en est ensuite pris à un autre chapitre de la santé – sa nouvelle bête noire. « Les médicaments contre l’hépatite C, par exemple, coûtent nettement trop cher. Il faut obliger les producteurs et les distributeurs à baisser leurs tarifs. Il faut remodeler les lois en vigueur et introduire une vraie transparence comme aux Etats-Unis », a-t-il asséné.

Un effet boomerang

Ses propos sur mammographie ont généré de vives réactions chez les politiciens italiens, qui défendent, à l’unanimité, l’utilité de la mammographie. Les accusations lancées par Beppe Grillo sont désormais utilisées contre lui et pour sensibiliser l’opinion publique féminine.

Le président du Conseil des ministres, Matteo Renzi, a même lancé un appel aux Italiennes sur Facebook : « On ne badine pas avec le cancer, faites une mammographie ».

Élargir l’accès à la mammographie gratuite

La ministre de la Santé est également montée au créneau. « La santé des personnes fait partie des limites que la propagande politique ne doit pas et ne peut pas franchir », s’est énervé Beatrice Lorenzin. Elle en a profité pour souligner l’efficacité des programmes gratuits de dépistage du cancer du sein, actuellement destinés aux femmes âgées de 50 à 69 ans, et qui ont permis, selon elle, de réduire le taux de mortalité par cancer du sein de 20 %.

Selon le ministère de la santé, parmi les 46 000 nouveaux cas de cancer du sein détectés chaque année en Italie, 80 % le sont chez des femmes de plus de 50 ans. Mais face à l’augmentation de l’incidence du cancer du sein chez les plus jeunes, certains spécialistes demandent d’étendre la politique de prévention, en permettant aux femmes d’avoir accès à ces programmes de dépistage gratuits dès l’âge de 45 ans Actuellement, trois régions – l’Emilie-Romane, la Toscane et le Piémont – prennent totalement en charge le dépistage chez les femmes de 45 ans.

En France le dépistage systématique commence à 50 ans

Pour note, en France, le dépistage systématique du cancer du sein est réservé aux femmes âgées de 50 à 74 ans. Il n’est pas recommandé pour les femmes de moins de 50 ans, à moins qu’elles présentent un facteur de risque particulier. « Il n’y a pas assez d’études ayant montré l’efficacité de ce dépistage avant 50 ans, quand on prend en compte la balance entre ses avantages et ses inconvénients » peut-on lire sur le site de l’Institut National du Cancer (INCA).

Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr