Alors que l'édition 2019 des Journées de Neurologie de Langue Française (JNLF) s'est déroulée récemment à Lille, un constat est sans appel : les maladies neurodégénératives sont en hausse, entraînant avec elles une augmentation des besoins de prise en charge. Confrontées à la saturation des hôpitaux et à la problématique croissante des déserts médicaux, les politiques publiques tendent à promouvoir des alternatives à l’hospitalisation, au profit de prises en charge alternatives, en ville ou à domicile.
Des parcours longs et exigeants pour les patients
Accidents vasculaires cérébraux, maladie de Parkinson, d’Alzheimer, sclérose en plaques ou encore chutes de personnes âgées occasionnant une entrée dans la dépendance se multiplient. En témoignait déjà une étude présentée à l’occasion des JNLF de 2014, qui démontrait qu’entre 2000 et 2012, le nombre d’hospitalisations pour pathologie neurologique avait augmenté de 19 % [1].
Ces troubles justifient une rééducation intensive, précoce et prolongée, répétée et orientée vers des tâches fonctionnelles, qui devient de plus en plus difficile à conserver dans le parcours de soins actuel. La continuité dans les soins de rééducation est encore une gageure pour permettre aux patients de récupérer et maintenir leurs capacités fonctionnelles. Les victimes d’AVC ont, par exemple, moins de 20 % de chance d’intégrer un centre de rééducation neurologique spécialisé, et ce pour une durée moyenne très insuffisante. Alors qu’il faudrait compter entre 12 et 18 mois pour une récupération optimale, la réalité se situe bien souvent entre 5 et 6 semaines seulement. De plus, les ressources existantes en ville sont également insuffisantes pour assurer une continuité dans le parcours de soins.
Ce sont aujourd’hui 4 millions de patients qui sont concernés par une maladie neurologique, et le système de santé actuel n’est pas en capacité de leur fournir une prise en charge suffisante tout au long de leur parcours de soins.
La technologie en renfort du système de santé
Face à l’urgence de faire évoluer notre système de santé, les gouvernements sont à la recherche de solutions pouvant permettre de pallier la rupture dans notre système actuel de soin et offrir aux patients un suivi sur la durée. Après une longue période d’hospitalo-centrisme, les mutations économiques, sociétales et culturelles ont conduit les politiques publiques à envisager le virage ambulatoire, visant à diminuer les hospitalisations. À cet effet, la télémédecine constitue une piste viable, sur le plan sanitaire comme sur le plan économique.
Des solutions technologiques se développent ainsi pour venir compléter l’offre de soins traditionnelle : robotique, réalité virtuelle ou encore serious games voient le jour [2]. Facilement déployables à domicile ou en centre sur l’ensemble du territoire, ce nouveau genre de rééducation ludifié prend également en compte les troubles cognitifs et augmente la motivation des sujets. Enfin, elles apportent une réponse concrète à la problématique de la durée de rééducation, souvent trop courte dans les parcours traditionnels.
Plusieurs publications scientifiques estiment même qu’à programme de rééducation équivalent, celui effectué à domicile donne de meilleurs résultats sur l’autonomie que celui effectué en centre de rééducation. L’alliance de solutions connectées et d’un suivi par un professionnel représente une solution prometteuse pour désengorger les hôpitaux et centres spécialisés, tout en apportant une réponse médicale aux patients.
Arrivé à saturation, le système de santé français n’est plus en mesure de répondre à l’émergence des maladies chroniques et pathologies neurodégénératives. Politiques publiques et acteurs privés doivent se coordonner pour faire émerger des solutions pérennes, telles que la prise en charge ambulatoire ou la télémédecine. La nouvelle loi de financement de la sécurité sociale envisage, même si cela reste encore timide, une tarification sur la télésurveillance des maladies chroniques et certains actes de télémédecine. Une dynamique qu’il est nécessaire de poursuivre pour parvenir à sortir de l’impasse sanitaire actuelle.
[1] https://www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/6096-AVC-Alzhei…
[2] https://www.louvainmedical.be/sites/default/files/content/article/pdf/m…
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