A U cours des dernières années, des résultats expérimentaux et cliniques encourageants ont été obtenus avec la transplantation cellulaire dans des domaines aussi variés que la neurologie (transplantation de cellules ftales cérébrales dans la malade de Parkinson), l'hépatologie (transplantation d'hépatocytes) ou l'endocrinologie (transplantation d'îlots pancréatiques dans le diabète). C'est en raison de particularités histologiques des cardiomyocytes communes avec les cellules déjà greffées - cellules ne se multipliant pas et croissant par hypertrophie et non par hyperplasie - que ce type de greffe a été transposé au myocarde afin de pallier l'incapacité des cardiomyocytes à régénérer un tissu cardiaque fonctionnel dans les suites d'un infarctus du myocarde. Après avoir obtenu des résultats prometteurs chez l'animal, une équipe pluridisciplinaire parisienne (chirurgiens de l'hôpital Bichat, cardiologues des hôpitaux Georges-Pompidou et Cochin, hématologues de l'hôpital Saint-Louis et une équipe INSERM) a pour la première fois au niveau mondial réalisé une autogreffe de cellules musculaires chez un patient dans les suites d'un infarctus du myocarde. Ce malade a été choisi en raison d'une insuffisance cardiaque grave sans recours thérapeutique, dont l'état de santé contre-indiquait la pratique d'une greffe cardiaque.
Réinjections de myoblaste squelettique
Pour mener à bien cette nouvelle technique, les chirurgiens ont, dans un premier temps, procédé à un prélèvement de quelques grammes de cellules musculaires au niveau du vaste externe de la cuisse. Les biologistes de l'équipe ont mis ce tissu en culture à l'aide de différents facteurs de croissance et obtenu une extension de ces myoblastes.
Dans un second temps, les cellules ont été, au cours d'une intervention pour double pontage coronaire, réinjectées en une dizaine de points au niveau de la zone myocardique dépourvue de viabilité. Ce geste complémentaire n'a allongé le temps opératoire que d'une quinzaine de minutes. Alors que, avant l'opération, aucune activité musculaire n'était objectivée à la tomographie à émission de positions, il existait, dans les suites de l'intervention, une viabilité et un certain degré de contraction.
Le patient, âgé de 72 ans, qui présentait avant l'infarctus une insuffisance cardiaque de grade III-IV de la classification NYHA, a pu quitter l'hôpital sans traitement antirejet ; une nouvelle évaluation de son insuffisance cardiaque a montré une régression au stade II. Si cette technique paraît très prometteuse, il convient maintenant de recruter un plus grand nombre de patients afin de savoir si les greffes feront bientôt partie de l'arsenal thérapeutique cardiologique.
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