« La salle de garde fut jadis un asile largement ouvert à toutes les manifestations de l’esprit et de la gaîté française. Autour de la table nosocomiale, on voyait venir s’asseoir des peintres, des artistes dramatiques, des littérateurs… Il suffit de lire les noms des signataires des peintures qui ornent l’ancienne et la nouvelle salle de garde de la Charité pour avoir une idée des peintres qui fréquentèrent chez les internes de cet hôpital. Sellier, Melchissedec de l’Opéra, furent, il y a quelques années, les hôtes assidus de Lariboisière.
Les frères de Goncourt étudièrent la Charité pour leur célèbre roman “ Sœur Philomène ”. Léo Trezenik, l’auteur connu de romans à sujets médicaux, fréquenta aussi la Charité : on trouve ses souvenirs dans « Cocquebins ». Adolphe Tabarant fut un assidu de Lourcine quand il écrivit son curieux “ Virus d’amour ». Claretie, ayant besoin de documents vécus, alla à la Salpêtrière. Le directeur actuel de la Comédie-Française prenait alors des notes pour son roman “ Les Amours d’un interne ”.
Alphonse Daudet alla aussi fumer quelques bonnes pipes à cette salle de garde. Sarah Bernhardt, elle-même, fut l’hôte de cet hospice déjà célèbre par Charcot. Elle s’y fit même enfermer dans un cabanon (service de J. Voisin) pour y jouer avec un naturel, qui n’étonnera personne, une scène de folie furieuse. Simple fantaisie de cette géniale actrice ! Ponchon, l’étourdissant Raoul Ponchon, fut le boute-en train partout bien accueilli des internes. Léon Daudet fréquenta Ivry et Chardon-Lagache avec son compagnon de lettres des premières heures, de Fleury, alias Bianchon. Verlaine s’assit souvent à la salle de garde de Bichat et il a laissé ses souvenirs dans “ Mes hôpitaux ». Goudeau, le poète des “ Fleurs de bitume ” et le gentilhomme cabaretier, fondateur du célèbre Chat-Noir, furent un instant les hôtes de la salle de garde de Lariboisière.
Mais le temps qu’on pourrait appeler des musiciens et des littérateurs de l’Hôtel-Dieu fut l’année d’Albert Robin qui sut attirer autour de lui une brillante et gracieuse phalange d’artistes. Bicêtre fut toujours renommé pour la gaîté de sa salle de garde qui eut l’honneur de voir le psychologue Paul Bourget et qui fut aussi l’asile d’une foule de sculpteurs et de peintres aujourd’hui bien connus. »
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature