Gares et aéroports, des lieux stratégiques pour disposer des défibrillateurs

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Publié le 05/03/2018
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defibrilateur gare

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Crédit photo : PHANIE

Dans leur grande majorité, les arrêts cardiaques surviennent au domicile. C’est notamment le cas de 71,4 % des 72 637 arrêts recensés depuis 2011 par le registre électronique des arrêts cardiaques (RéAC). Pour les autres patients, la proximité d’un défibrillateur automatique externe peut se révéler providentielle.

Les victimes d’arrêt cardiaque dans les lieux publics sont en effet significativement plus jeunes et présentent des critères de meilleur pronostic. Il s'agit de la population qui tire le plus grand potentiel de l’adjonction d’une défibrillation à un massage cardiaque. Encore faut-il que la disposition des appareils soit optimale !

« Une hausse continue du nombre de défibrillateurs augmenterait la couverture, mais ce ne serait pas nécessairement une couverture optimale, explique le Dr Wulfran Bougouin, réanimateur, du centre d'expertise mort subite (CEMS, Paris). Il faut une approche rationnelle de la répartition des défibrillateurs. » C'est à cette tâche que se sont attelés les membres du centre d'expertise mort subite auquel le Dr Bougouin appartient.

Les cardiaques sont dans les gares

Dans un article publié en 2015 dans la revue « Circulation », le Dr Éloi Marijon et son équipe ont utilisé des données de géolocalisation des arrêts cardiaques du centre d'expertise mort subite pour identifier 2 facteurs essentiels : le flux de population et la nature du lieu. À Paris, ces chercheurs avaient montré que les 6 gares constituaient les points les plus « chauds ». Alors qu’elles ne représentent que 0,75 % de la surface parisienne, ces lieux concentrent 12 % des arrêts cardiaques survenus dans la capitale entre 2011 et 2015.

« Des résultats similaires ont également été observés au Danemark », précise le Dr Bougoin. À Copenhague, les travaux de l’équipe du Pr Folke montrent en effet que les gares et l’aéroport sont les zones qui concentrent un fort transit de population et un grand nombre d’arrêts cardiaques. Ces résultats ne sont toutefois « pas complètement transposables à d’autres villes que Paris et Copenhague, il faut travailler lieu par lieu », prévient le Dr Bougouin.

L’association américaine de cardiologie (AHA) et le conseil européen de la réanimation préconisent d’installer un défibrillateur là où un arrêt cardiaque a lieu tous les 5 et 2 ans, respectivement. « C’est une technique empirique qu’il faut affiner grâce à la géolocalisation des arrêts cardiaques », conclut le Dr Bougouin.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9645