La loi de santé examinée en séance à partir de lundi à l’Assemblée constituera un virage important pour la médecine générale. À première vue sans aspérités, ce texte destiné à favoriser l’accès aux soins partout en France est de nature à profondément modifier le paysage de la médecine libérale. D’abord car il étend et impose un nouveau modèle d’organisation avec les communautés professionnelles territoriales de santé. Ensuite parce qu’il souhaite que l’exercice en équipe et plus particulièrement en maison de santé devienne la norme.
Dans les territoires où l’offre de soins est insuffisante, le gouvernement veut labelliser des hôpitaux de proximité chargés d’assurer en partie des actes de médecine générale. Et il projette de recruter en urgence, notamment dans ces établissements, au moins 400 généralistes salariés. Tout l’enjeu est de savoir si les médecins s’approprieront cette réforme. En seront-ils des acteurs engagés ou réduits à jouer le rôle de simples exécutants ?
Dans nos colonnes, le rapporteur du projet de loi, le Dr Thomas Mesnier, assure que l’objectif du gouvernement n’est pas de contraindre les professionnels de santé mais de les aider à mieux se coordonner. Il n’empêche, voyant s’empiler les contraintes réglementaires et administratives, les syndicats de médecins libéraux affichent de plus en plus ouvertement leurs craintes d’une réforme technocratique. Ils redoutent aussi, avec les projets de délégation de tâches, de voir attaqués les contours du métier de médecin.
Des amendements prévoient d’autoriser la prescription par le pharmacien ou encore la rédaction de certificats de décès par les infirmières. Une épée de Damoclès plane sur la liberté d’installation des médecins. Il suffit d’observer les difficultés rencontrées pendant les négociations conventionnelles sur les CPTS et le financement des assistants médicaux pour comprendre que l’examen de ce projet de loi de santé ne sera pas un long fleuve tranquille.
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