Édito

Fuites en avant

Publié le 22/11/2019
Edito

Edito

Il nous est à chacun arrivé d’être prodigieusement agacé par des publicités s’affichant pendant que nous surfons sur Internet. De voir sur notre écran une réclame pour un produit sur lequel nous avions effectué une recherche sur Google.

Les multiples données laissées chaque jour sur la Toile peuvent être exploitées au détriment de leur propriétaire. Le scandale de Cambridge Analytica en est la parfaite illustration. L’analyse des données de quelques dizaines de milliers de personnes sur Facebook et l’envoi de messages ciblés par cette officine a en effet fait basculer le scrutin présidentiel aux États-Unis ou le choix du Brexit au Royaume-Uni.

Le danger des fuites est aussi majeur avec les données de santé. Aux États-Unis, Google a signé un accord avec un important groupe d’établissements de santé lui permettant d’acquérir les données médicales de millions de patients sans leur consentement et en toute légalité.

Selon les informations révélées par le Wall Street Journal, le géant du numérique pourra accéder aux dossiers médicaux complets et tout savoir de l’identité des patients, leurs antécédents médicaux ou les résultats d’examens. Le tout sous couvert de développer des algorithmes permettant aux médecins de suggérer des examens complémentaires ou certains traitements.

La France semble à première vue à l’abri de ces dérives. Au contraire des USA, notre pays est doté d’une commission informatique indépendante garante de la protection des données personnelles, la Cnil. Il n’empêche, les tentatives de hacking de plusieurs hôpitaux, avec parfois des demandes de rançon pour récupérer l’intégralité des dossiers médicaux, montre combien ces données sont volatiles. 350 euros, c’est le prix d’un dossier médical sur le marché noir du web, affirment des experts du secteur.

À l’heure où le gouvernement veut faire prendre au système de santé un virage numérique et où les objets connectés prennent une place de plus en plus importante dans le suivi médical, l’enjeu de la protection des données est donc plus que majeur.

Christophe Gattuso, directeur de la rédaction

Source : Le Généraliste: 2889