La fragilité se définit comme un syndrome reflétant une diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation à un stress, même mineur, constituant ainsi un facteur de morbi-mortalité et de perte d’autonomie. Outre l’âge ce syndrome clinique est modulé par les comorbidités mais aussi les facteurs psychologiques, sociaux et comportementaux.
La fragilité doit donc être abordée sous l’angle somatique mais aussi socio-économique ou psychologique… Parmi les éléments psychosociaux à prendre en compte, le sentiment de solitude (plus subjectif que l’isolement et témoignant d’attentes insatisfaites vis-à-vis de la qualité de la vie sociale) « constitue un facteur prédictif important de déclin fonctionnel et de mortalité en multipliant par 2,7 le risque de fragilité et par 3,7 celui de pré-fragilité » insiste le Pr Sylvie Bonin-Guillaume (Marseille).
Un cercle vicieux
Ce sentiment est plus fréquent chez les femmes, avec un niveau socio-éducatif faible, après arrêt de la conduite, en cas de dépression, de troubles visuels ou auditifs, mais n’a pas de lien avec l’âge ou les comorbidités autres que cardio-vasculaires. Il est plus marqué en institution et chez les personnes qui vivent seul(e) et plus fréquent chez les célibataires que chez les veuf(ve)s alors qu’il diminue lorsqu’il existe une personne à qui se confier. Ce sentiment de solitude s’associe à une mauvaise qualité de sommeil, une symptomatologie dépressive, une fatigue subjective.
La solitude est aussi un facteur de risque de maladie d’Alzheimer, de symptômes dépressifs et multiplie par six le risque de suicide après 85 ans. « Quant à l’association de la dépression et de la fragilité, c’est vraiment une liaison dangereuse, s’alarme le Pr Christophe Arbus (Toulouse), car la dépression s’associe à des altérations du système immunitaire, une augmentation du risque d’ischémie cardiaque, une diminution de la régulation par le SNA du rythme cardiaque et, surtout, une diminution de l’accès aux soins et un isolement. »
Fragilité et dépression représentent l’un pour l’autre un facteur de risque : la dépression multiplie par 2,2 la fragilité alors que la fragilité augmente le risque de dépression… mais le traitement antidépresseur doublerait le risque de fragilité. Des travaux sont en cours afin d’inclure parmi les critères de fragilité un des items du syndrome dépressif.
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