Avec des délais d’attente moyens de 60 à 111 jours, la filière ophtalmologique libérale souffre d’un encombrement préjudiciable aux patients. Marisol Touraine a confié à Dominique Voynet (désormais IGAS) un rapport pour améliorer l’accès aux soins ophtalmologiques et réduire de moitié le délai moyen constaté d’ici à 2017.
Parmi les recettes classiques, ce rapport, que « le Quotidien » a pu consulter, propose d’abord de renforcer l’offre de soins ophtalmologique. Il suggère de favoriser l’activité médicale au-delà de 65 ans (75 % des ophtalmos ont plus de 50 ans), d’inciter les jeunes à s’installer dans les zones sous-dotées et de favoriser l’expérimentation de pôles ophtalmologiques multisites.
Des bilans visuels réalisés par les orthoptistes
Mais ces mesures ne suffiront pas compte tenu de la démographie (5 000 ophtalmologistes) et du numerus clausus (environ 150 internes formés) qui ne permettra pas de compenser les départs à la retraite.
Le rapport plaide donc pour une coopération renforcée avec les orthoptistes et les opticiens avec surtout de nouvelles délégations de tâches permettant aux spécialistes de dégager du temps pour les pathologies complexes.
Le rapport propose de permettre aux orthoptistes libéraux de réaliser des bilans visuels qu’ils transmettraient ensuite à l’ophtalmo – ce dernier rédigeant la prescription. Autre piste : reconnaître aux orthoptistes libéraux le droit de prescrire du matériel de rééducation orthoptique ou encore ouvrir davantage de places de formation à cette discipline pratiquée par un peu moins de 4 000 personnes.
De leur côté, les opticiens, déjà autorisés à renouveler les ordonnances de lunettes et à les adapter sous certaines conditions, pourraient être autorisés à en faire autant avec les lentilles. La durée de validité des ordonnances pourrait aussi varier en fonction de l’âge du patient.
Deux préconisations intégrées au projet de loi de santé
Côté formation, le rapport entend réguler « l’offre surabondante et inégale » de formation au BTS d’opticien lunetier, et propose la création d’un master en santé visuelle pour les opticiens et les orthoptistes.
Vendredi 11 septembre, le ministère de la Santé publiait un communiqué dans lequel il annonçait que Marisol Touraine avait décidé « de mettre en œuvre sans délai les premières recommandations du rapport ». A cet effet, deux amendements vont être introduits dans le projet de loi de Santé qui doit être examiné à partir du 14 septembre par le Sénat.
Le premier amendement permettra le développement du travail aidé chez les ophtalmos. Le mécanisme imaginé, précise le cabinet, permettra d'augmenter jusqu'à 35 % le nombre de consultations possibles, grâce à une meilleure répartition des tâches entre l'ophtalmo et l'orthoptiste.
Le deuxième assouplira les conditions de renouvellement et d'adaptation des verres et des lentilles par les opticiens, dans un cadre sécurisé et en accord avec les ophtalmos.
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