« Ah, docteur, on va bientôt se voir là-dedans ! », me dit-elle, avec le sourire content d’une souris qui vient de voir le fromage, sans remarquer le ressort qui va lui balancer la tapette sur les cervicales. « Pour des petites choses comme ça, je pourrais vous consulter sans bouger de chez moi et en plus ça coûtera moins cher. »
Diabétique insulinodépendante, des ressorts pleins les coronaires, une FA anticoagulée avec une spondylarthrite ankylosante sous Imeth qui tousse avec fièvre depuis cinq jours, elle regarde mon écran comme Bernadette Soubirous la Dame Blanche, persuadée qu’entre Les Feux de L’Amour et des Chiffres et les Lettres, elle pourra glisser une téléconsultation low cost à 10 euros pour se faire prescrire des médicaments mieux remboursés que les produits conseils de sa vaccinatrice de pharmacienne. Parce que pour ses petits rhumes, elle ne devrait pas avoir à perdre du temps à se déplacer à ma consultation. C’est vrai qu’elle habite à 250 mètres de mon cabinet et que son club de tarot est à un kilomètre. Elle a ses priorités.
Quand je lui réponds que, vu ses pathologies et mon temps médical rare, je n’accéderai pas à son fantasme numérique, elle rit jaune comme un gilet éponyme. Je lui explique, enfin j’essaye, que pour moi, la téléconsultation fiable doit être régulée, médiée par un tiers de confiance, s’inscrire dans une démarche collaborative et coordonnée de délégation de tâche.
Il me faut un paramédical, un infirmier auprès du patient qui pourra être mes mains, faire les gestes d’examens médicaux et paramédicaux que je lui demanderai, relayer mes questions, appliquer mes conclusions et contrôler mes prescriptions. La téléconsultation en accès direct est un outil marketing d’assureur ou de technocrate du ministère de la Santé qui n’a rien compris aux exigences du métier de médecin et à la rareté de son temps médical disponible.
Bref, ni Skype ni Face Time mais de la TÉLÉ EXPERTISE efficace, fiable et économe, au bout du compte, des deniers publics.
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