La pertinence des actes médicaux est devenue un axe majeur de réflexion de l’ensemble des acteurs de la santé, médecins bien sûr, mais aussi ministère, Haute Autorité de Santé, Autorité de Sûreté Nucléaire, Caisse Nationale d’Assurance-maladie, mutuelles, Fédération Hospitalière de France. Les innovations sont constantes et, à l’heure du diagnostic « à tout prix », il est devenu capital de renforcer la qualité, la sécurité et l’efficience des examens d’imagerie.
Très consciente de la nécessité d’une rationalisation des indications des examens, notre spécialité s’est engagée depuis plusieurs années dans une démarche d’amélioration des pratiques, en particulier en éditant, en collaboration avec les médecins nucléaires et sous l’égide de la HAS et de l’ASN, le Guide du bon usage des examens d’imagerie, dont la deuxième version, accessible en ligne, a été mise a jour en 2014.
Toutefois, plusieurs problèmes se posent, qui ne représentent pas un obstacle à la mise en place de la démarche mais permettent néanmoins d’en comprendre les difficultés. D’abord, comment proposer l’examen le plus pertinent alors que les progrès de l’imagerie et le développement des nouvelles techniques rendent le choix complexe ? Comment lutter contre une habitude, celle du médecin correspondant, celle du radiologue ? Il n’y a pas toujours accord de la spécialité sur le choix de l’examen approprié et il faut lutter contre une conviction médicale basée parfois sur une expérience ancienne et/ou trop personnelle. La médecine est un art, certes, mais il est nécessaire de faire évoluer ses pratiques selon les données basées sur des preuves (evidence based medicine). Les stratégies de demande des examens complémentaires évoluent : elles doivent être enseignées et actualisées pour tous les médecins.
Ensuite, sommes-nous en mesure de faire bénéficier nos patients dans des délais courts d’exploration, recommandées par le Guide ? Considérant le nombre d’IRM et de scanners, le récent rapport de l’OCDE place la France très loin dans le classement des pays européens, derrière l’Italie et la Grèce. Cette situation contribue à expliquer les délais de rendez-vous trop importants pour des pathologies graves : cette responsabilité, que signale le rapport de l’Inca, doit être largement rappelée.
Enfin, si l’on souhaite une évolution des pratiques en imagerie, que peut-on attendre d’une approche quasi exclusivement économique ? Il ne faut pas analyser la pertinence d’un acte isolé, mais considérer son impact sur l’ensemble d’une histoire clinique. C’est la démonstration d’une amélioration du bénéfice clinique qui permettra une évolution des pratiques médicales.
**Président du SRH
***Président de la FNMR
****Président du CERF
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