« Le psoriasis est plus sous traité que sous-diagnostiqué », a indiqué le Dr Dominique Lons-Danic (Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph). « Il y a peu de pièges même si on peut hésiter parfois avec un eczéma », a ajouté la dermatologue. Beaucoup de patients vivent la maladie comme une fatalité en pensant qu’il n’y a rien à faire ou parce qu’ils ont été déçus par un traitement qui n’a pas contrôlé leurs symptômes. « 30 % des patients qui ont une forme de psoriasis uniquement cutané ne sont pas bien pris en charge », a constaté la dermatologue. Il faut adapter le traitement en fonction de la gravité et bien faire comprendre au patient qu’il s’agit d’une maladie chronique, donc avec un risque de rechutes. « On peut reprendre le même traitement s’il est efficace, en revanche, s’il devient sévère, il faut référer le patient au dermatologue », affirme la spécialiste.
En 10 ans, les progrès sont venus d’une meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques avec des thérapies ciblées sur le TNF alpha pour réduire l’inflammation chronique. Les biothérapies restent à prescription initiale hospitalière. Elles arrivent en cas d’échec ou de contre-indication aux produits plus anciens qui peuvent être très efficaces dans les formes associées à des atteintes rhumatismales. Il faut également noter que la puvathérapie n’est parfois pas réalisable du fait de l’éloignement des cabines de dermatologie. Le méthotrexate a été remis au goût du jour : « il faut dédramatiser le méthotrexate. Il faisait peur à cause du risque de toxicité hépatique mais il est finalement bien toléré », a précisé la dermatologue. En routine, il faut surveiller la numération formule sanguine tous les trois mois et la créatinine. La toxicité cumulative du méthotrexate que l’on croyait être de 1,5 gramme est bien supérieure et il n’y a plus besoin de faire de biopsie hépatique mais des tests non invasifs comme le Fibrotest sont suffisants.
Il faut aussi que le généraliste soit vigilant car le patient atteint de psoriasis a souvent un profil particulier avec un surpoids, un périmètre abdominal, un syndrome métabolique, une stéatose hépatique non alcoolique ou une maladie coronarienne. « 30 % sont déprimés et il faut savoir rechercher la dépression », a indiqué la dermatologue.
Approche transversale
Cette pathologie nécessite une approche multidisciplinaire. Le premier Centre pluridisciplinaire en Ile-de-France dédié au psoriasis fête son premier anniversaire. Grâce à ce Centre dédié, les patients ont la possibilité d’être suivis conjointement par les équipes médicales de dermatologie du Dr Lons-Danic et de rhumatologie par l’équipe du Dr Rajzbaum. En effet, 10% des patients souffrant d’un psoriasis cutané ont aussi une attiente rhumatologique. « On peut tout régler très rapidement. Dans ce cadre, nous travaillons avec les associations de patients mais également avec un réseau de médecins répartis sur tout le territoire. L’APLCP (Association Pour La Lutte Contre Le Psoriasis) est une association très dynamique qui peut vraiment aider les patients à travers des réunions ou des informations », a conclu le Dr Lons-Danic.
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