« Le Quotidien » s’est entretenu avec des médecins – majoritairement hospitaliers – qui jeûnent pendant la période de Ramadan, et beaucoup ont fait part du silence, choisi ou non, qui entoure cette période chez les soignants.
Le regard des autres : soignants et patients
• « Mes collègues pensent que parce que je jeûne, je vais travailler de nuit pendant tout le mois » (M., femme, 47 ans, infirmière anesthésiste)
• « Quand je reçois des patients de mauvaise humeur à cause de leur faim, j’ai du mal à dire que moi aussi je jeûne. » (H., femme, 39 ans, généraliste)
• « Rapidement au cours du mois, j’entends que : "c’est tous les ans comme ça, les médecins musulmans sont fatigués et irascibles". » (M., homme, 56 ans, urgentiste)
• « Je fais une pause à l’heure de la rupture du jeûne, ça m’aide lorsque les confrères le comprennent et me laissent un peu de temps. » (S., femme, 34 ans, médecin du SAMU)
• « Je travaille en garde et je préfère ne pas dire que je jeûne : je prends mes pauses, j’en profite pour faire une sieste ou prier. » (S., femme, 38 ans, infirmière)
La gestion de la faim et de la soif
• « Le plus dur c’est le manque de caféine : il faut bien dire que la plupart des médecins y sont accros. » (A., homme, 42 ans, médecin réanimateur)
• « Je mange des fruits à mon repas de l’aube pour rester hydratée dans la journée. » (S., femme, 34 ans, médecin du SAMU)
• « C’est quand le rythme de travail diminue que je ressens plus la faim. » (S., femme, 38 ans, infirmière)
• « J’amène mes repas, c’est pas possible de compter sur la nourriture de l’internat ou de la cafet pour être rassasié comme il faut. » (S., femme, 34 ans, médecin du SAMU)
• « Rompre le jeûne en opérant, vous avez déjà imaginé ça ? » (M., femme, 37 ans, infirmière anesthésiste)
Question de rythme
• « 24 heures d’affilée en plein Ramadan, c’est très dur à faire, même en réanimation où c’est climatisé. » (A., homme, 42 ans, médecin réanimateur)
• « Je pose en général une à deux semaines de vacances. » (M., homme, 56 ans, urgentiste)
• « Quand je vois les personnes qui travaillent dans le bâtiment sous la chaleur, je me dis que l’on n’est pas si mal à l’hôpital. » (S., femme, 38 ans, infirmière)
• « J’ai une baisse de concentration vers 16 h car je mange vers 4 h et que je suis ensuite réveillée par mes enfants à 7 h. Je prévois une sieste de 20 minutes en général en milieu d’après midi. » (H., femme, 39 ans, généraliste)
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