Comment attirer les jeunes vers l'exercice libéral et les fidéliser ? C’est l’un des objectifs de l’URPS médecins libéraux PACA et de son président, le Dr Laurent Saccomano, qui a inscrit cette thématique au programme d’un congrès inédit de la médecine libérale, qui s'est tenu à Marseille.
« Nous avons les mêmes préoccupations que l’agence régionale de santé avec ce déséquilibre constaté de l’exercice libéral dans des territoires sous dotés, explique le médecin généraliste. C’est ce qui nous a conduits à mettre dans une même salle des représentants de l’ARS, des praticiens en exercice, des internes et des universitaires pour proposer un travail pertinent point par point. »
Dé-diabolisation
L'exercice coordonné et collectif, plébiscité par la nouvelle génération, les moyens de concilier vie professionnelle et vie privée, les clés d’une installation réussie (période angoissante) mais aussi les modes de rémunération, la formation, la recherche, la télémédecine : rien n’a été occulté lors de cette journée de réflexion organisée avec l’aide des internes des facultés de Marseille et Nice. « Nous devons faire découvrir aux internes le monde libéral, notamment pour les spécialistes, afin de les sortir de cette formation essentiellement hospitalière, souligne le Dr Saccomano. Seulement 10 % des internes s’installent en libéral, il faut lutter contre ce déséquilibre criant. »
Pour l'URPS ML, il est indispensable de mettre fin à la « diabolisation » du secteur privé parfois assimilé à « une médecine appauvrissante intellectuellement et routinière ». « Il faut créer davantage de porosité entre médecine publique et médecine privée pour permettre aux étudiants de s'affranchir de leurs peurs au début de leur installation, avance le Dr Saccomano. Quand ils découvrent le monde libéral dans de bonnes conditions, ils ont envie de s’y installer ! Les études montrent que dans les zones où existent des maîtres de stage, les départs à la retraite sont plus vite compensés. »
Aide au logement, au déplacement, aux formalités…
Le constat est unanime : en matière d'information des internes, il est possible de faire mieux lors de cette période clé des choix de carrière, y compris sur la connaissance des remplacements ou de la maîtrise de stage. « Nous devons leur faciliter la vie, faire en sorte que les stages libéraux se passent bien, poursuit le Dr Laurent Saccomano. On peut apporter une aide au logement, au déplacement, aux obligations administratives, à l’obtention d’un prêt ou à la mise en relation avec des partenaires, énumère le praticien. Il est aussi possible d’alléger les procédures pour aller dans des zones où l’on cherche des remplaçants… »
Au passage, la situation contractuelle des remplaçants est jugée inadaptée pour leur permettre un exercice assumé – et non plus vécu comme un « médecin nomade qui relève d’une médecine foraine et non d’une médecine à part entière. »
Des speed dating ont été organisés pour mettre en relation des jeunes et des médecins en exercice en quête d'un confrère pour partager leur cabinet ou préparer leur succession. Une autre façon de dédramatiser la médecine de ville et d'engager, pourquoi pas, une collaboration.
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