Les acteurs de la radiologie interventionnelle doivent être davantage sensibilisés à la radioprotection, a réaffirmé l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à l'occasion de ses vœux pour 2016. « Les spécialistes de la médecine nucléaire et de la radiothérapie sont très sensibilisés à la radioprotection, mais pas les cardiologues, les chirurgiens ou les gastro-entérologues qui pratiquent des actes radioguidés », explique le Pr Philippe Chaumet-Riffaud, commissaire de l'ASN et ancien chef de service Biophysique et médecine nucléaire du CHU Bicêtre (Paris-Sud). L'autorité pointe notamment l'absence fréquente de dosimètres, relevée lors de ses inspections. Ce n'est pas la première fois que l'ASN s'inquiète des risques encourus par les médecins pratiquant la radiologie interventionnelle.
Le Pr Chaumet-Riffaud précise que « les événements qui nous sont remontés en radiologie interventionnelle touchent très fréquemment les personnels de santé ». On observe, chez les patients, des cas de lésions cutanées mais aussi sur les extrémités des membres supérieurs et le cristallin des médecins participants, par exemple, à des poses de stent sous contrôle angiographique.
L'ASN envisage d'augmenter ses inspections en 2016, afin de s'assurer que les équipes bénéficient de formation et de l'aide de radiophysiciens pour les aider dans l'estimation des doses. « On pousse depuis des années à augmenter le nombre de physiciens médicaux, rappelle le Pr Chaumet-Riffaud, les services de radiothérapie en ont tous, il faut que ce soit le cas dans le domaine de la radiographie interventionnelle dont le nombre d'actes est en train d'exploser : plus de 500 000 actes par an. »
Par ailleurs, « il y a beaucoup de nouveaux matériels, et dispositifs qui obligent les personnels à se former à leur prise en main », rappelle le président de l'ASN, Pierre-Franck Chevet.
Des incidents en légère baisse en 2015
En 2015, les chiffres ne sont pas encore consolidés, mais le nombre d'accidents est resté « relativement stable en termes de radioprotection, un peu plus de 510 événements, soit un léger fléchissement par rapport au 557 événements de 2014 », estime le Pr Chaumet-Riffaud. Plus de la moitié (55 %) de ces événements provenaient d'un service de radiothérapie. En 2014, seulement 3 événements étaient de niveau 2 sur l'échelle ASN-SFRO, et ont donc causé des effets aigus ou tardifs modérés tels que des sténoses radiques modérées, des altérations tissulaires peu gênantes avec une altération minime ou nulle de la qualité de vie. « Même s'il y a une petite baisse, on est toujours en présence de 8 à 9 événements de niveau 2 en 2015 », note le Pr Chaumet-Riffaud.
L'ASN a notamment relevé des erreurs d'identitovigilance, de fractionnement de dose ou de latéralité, à l'image de celle signalée au CHI de Créteil le 23 novembre dernier : un patient avait subi 22 séances de radiothérapie du mauvais côté. Les nouvelles technologies ont par ailleurs tendance à amplifier l'effet des éventuelles erreurs : « le fait que les traitements soient de plus en plus hypofractionnés avec un niveau de radiation en gray plus problématique ».
En 2016, un des objectifs de l'ASN sera de graduer la fréquence des contrôles en fonction du risque que représentent les activités : un service où des problèmes d'organisation ont déjà été identifiés sera contrôlé plus fréquemment.
Le chantier des NRD
Un autre chantier de 2016 pour l'agence sera de finaliser l'application de ses recommandations concernant les niveaux de référence diagnostiques (NRD) en imagerie médicale. Ces recommandations s'inscrivent dans le cadre de la transposition d'une directive européenne 2013/59/Euratom.
Ces recommandations incluent un renforcement de l'utilisation des NRD pour optimiser les doses délivrées dans la pratique quotidienne des centres d'imagerie médicale. L'ASN doit transmettre cette année les modifications à apporter à l'arrêté du 24 octobre 2011 encadrant la radioprotection lors des examens médicaux, et en particulier ceux concernant la liste des examens concernés par les examens périodiques, l'ajout de NRD pour les procédures interventionnelles et la définition de NRD spécifiques pour la pédiatrie.
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