ECCO-ESMO 2015 : cabozantinib et nivolumab, deux nouvelles options pour le cancer du rein

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Publié le 29/09/2015
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Ces dix dernières années, les nouveaux traitements autorisés dans l’indication du carcinome à cellules rénales se sont multipliés : anti-VEGF (bevacizumab), inhibiteurs de tyrosine kinases (sorafenib et sunitibib), inhibiteurs du mTOR (évérolimus, temsirolimus)… Désormais, deux nouvelles molécules – le cabozantinib, un inhibiteur de tyrosine kinases, et le nivolumab, un anticorps anti PD-L1 – viennent compléter l’arsenal des options de seconde intention, d’après les résultats des études de phase III, METEOR et CheckMate 025, présentés ce samedi en « session présidentielle » du Congrès européen de cancérologie ECCO-ESMO.

Un risque de progression diminué de 42 %

Présentée par le Pr Toni Choueiri, de l’institut de cancérologie Dana Farber (Harvard), l’étude METEOR a comparé la survie sans progression et la réponse au traitement de patients traités par 60 mg/jour de cabozantinib (commercialisé aux États-Unis sous le nom de Cometriq, par la firme Exelixis) ou par 10 g d’évérolimus. 658 patients ont été recrutés, répartis aléatoirement dans les deux groupes de traitement. La survie médiane sans progression n’a pu être calculée que chez les 375 premiers patients, et était de 7,4 mois dans le groupe sous cabozantinib, contre 3,8 mois dans le groupe sous éverolimus – un risque de progression significativement diminué, de 42 %.

Les taux de réponse, mesurés sur l’ensemble des 658 patients, étaient respectivement de 21 % et 5 %. « Seuls 14 % des patients sous cabozantinib ont vu leur maladie progresser, contre 27 % dans le groupe évérolimus, c’est un résultat exceptionnel, se réjouit le Pr Choueiri. Il est encore trop tôt pour présenter des résultats concernant la survie globale des patients, mais nous observons déjà une tendance en faveur du cabozantinib, qui reste à confirmer. »

Des effets indésirables sévères sont apparus chez environ 10 % des patients des deux groupes. Ceux traités par cabozantinib souffraient le plus fréquemment de douleurs abdominales, d’effusions pleurales, et de diarrhées.

Une indication de plus pour le nivolumab

Présentés par le Pr Padmanee Sharma, de l’université du Texas, l’étude CheckMate 025 est une des très nombreuses facettes du programme de recherche portant sur l’anticorps anti-PD-L1 nivolumab, de BMS.

Les auteurs ont recruté 821 patients qui avaient déjà été traités, sans succès, par au moins un agent anti-angiogénique. Un premier groupe a reçu 3 mg/kg de nivolumab toutes les deux semaines, le second 10 mg par jour d’évérolimus en prise orale.

La survie globale était de 25 mois dans le groupe nivolumab, contre 19,6 mois dans le groupe évérolimus, tandis que les taux de réponse au traitement étaient de 25 % et 5 % respectivement. « C’est la première étude à prouver un bénéfice de survie chez des patients déjà traités », résume le Pr Sharma.

Des problèmes en pratique clinique

Pour le Dr Cora Steinberg, chef du département d’oncologie médicale des hôpitaux San Camillo-Forlanini, à Rome, même si ces résultats sont impressionnants, l’utilisation de ces deux molécules pose des problèmes pratiques. « Il faut trouver des facteurs prédictifs de l’efficacité du cabozantinib, explique-t-elle, l’étude METEOR a montré que les niveaux de PD-L1 n’étaient pas corrélés à la réponse au traitement. ».

Pour le nivolumab, le problème est encore plus complexe. « Les immunothérapies ont des cinétiques de réaction différentes des autres traitements. On voit souvent des tumeurs augmenter au début du traitement et réduire ensuite. Il y a aussi des réponses au traitement qui se poursuivent ou qui s’enclenchent alors que le patient ne prend plus le médicament. Cela complique la tâche pour les cancérologues : nous ne savons pas toujours quand dire à nos patients de commencer ou d’arrêter un traitement. »

Les résultats de ces deux études apparaissent également dans le « New England Journal of Medicine ».


Source : lequotidiendumedecin.fr