Prise en charge précoce du cancer de l’ovaire

Des biomarqueurs pour améliorer le diagnostic

Publié le 26/05/2015
Article réservé aux abonnés
En pratique, il est très difficile de détecter une tumeur ovarienne précoce

En pratique, il est très difficile de détecter une tumeur ovarienne précoce
Crédit photo : PHANIE

Le cancer de l’ovaire se développe lentement, sans signes cliniques, et son diagnostic reste très difficile à établir. Dans la plupart des cas, la tumeur est découverte tardivement, avec peu de chances de survie pour la patiente. Avec plus de 3 000 décès par an, il s’agit donc du cancer le plus meurtrier après le cancer du sein. Pourtant, lorsque le diagnostic est précoce, les chances de guérison sont estimées à 90 % à 5 ans. Seul problème, il n’existe pas, à ce jour, de dépistage du cancer ovarien à un stade précoce.

Petite lueur d’espoir cependant : des chercheurs de l’Université de Californie, à San Diego, rapportent dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences » avoir découvert des biomarqueurs spécifiques des cellules ovariennes tumorales. Il s’agit de 6 isoformes d’ARNm produits exclusivement par les cellules cancéreuses ovariennes.

L’équipe, qui comporte plusieurs bioinformaticiens, a développé un algorithme « maison » pour analyser l’ARNm de tissus tumoraux et de tissus sains issus de deux grandes bases de données américaines. Selon les auteurs, partir à la recherche d’ARNm plutôt que d’ADN est une approche plus judicieuse pour détecter un cancer à un stade précoce. En effet, expliquent-ils, si une cellule cancéreuse porte une, voire quelques mutations génétiques, les ARNm, eux, peuvent être présents par milliers. Ils sont donc plus aisément détectables.

Analyse de 296 tumeurs

C’est donc en analysant le transcriptome de 296 tumeurs séreuses de haut grade de l’ovaire, et 1 839 échantillons de tissu normaux, qu’ils ont découvert les 6 isoformes d’ARNm pouvant faire office de signature tumorale. Ces résultats ont ensuite été confirmés par PCR quantitative dans des cellules tumorales ovariennes humaines cultivées en laboratoire.

L’objectif, pour la pratique, serait de fabriquer un test capable de détecter, au cours d’un simple frottis, la présence de ces ARNm, qui auraient migré jusque dans le col. Si la théorie est alléchante, la route reste longue. La prochaine étape consistera à confirmer la présence de ces biomarqueurs en clinique, chez des patientes atteintes de cancer de l’ovaire, mais aussi de confirmer leur absence chez des femmes saines. Allant encore plus loin, les auteurs envisagent même d’ouvrir la voie à de nouvelles solutions thérapeutiques, par exemple le développement d’anticorps monoclonaux capables de cibler les protéines issues de l’expression de ces ARNm.

Clémentine Wallace

Source : Le Quotidien du Médecin: 9414