Prévention des thromboses veineuses profondes

De nouvelles perspectives grâce au dabigatran

Publié le 27/01/2010
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APRÈS l’étude RE-LY, qui a montré l’intérêt du dabigatran dans la prévention à long terme du risque thromboembolique lié à la fibrillation auriculaire, l’étude RE-COVER dont les résultats ont été présentés au cours du congrès annuel de l’ASH (American Society of Hematology), ouvre de nouvelles perspectives dans la prévention des thromboses veineuses profondes (TVP).

« Le dabigatran exilate, administré par voie orale à dose fixe (150 mg deux fois par jour) s’avère au moins aussi efficace que la warfarine (INR 2-3) pour prévenir les TVP récurrentes avec plutôt moins de complications hémorragiques.Avec le dabigatran, anticoagulant à action prévisible et constante nous disposons d’un traitement qui offre une protection sûre et efficace, sans avoir besoin de tests de laboratoire réguliers ni d’ajustement de dose » souligne le Pr Sam Schulman (Canada) investigateur principal de l’étude RE-COVER.

Sponsorisée par le laboratoire Boehringer Ingelheim, RE-COVER, est une étude de phase III, internationale (29 pays) multicentrique (228 centres) randomisée, menée en double aveugle, et double placebo qui a inclus 2 540 patients âgés d’au moins 18 ans traités par HBPM ou héparine non fractionnée pour une thrombose veineuse profonde (thrombose veineuse profonde proximale des membres inférieurs ou embolie pulmonaire) symptomatique.

150 mg deux fois par jour.

Après voir reçu pendant 5 à 9 jours un traitement anticoagulant parentéral, les patients ont été répartis de façon aléatoire, pour recevoir soit le dabigatran, , et un placebo de warfarine soit la warfarine à une posologie permettant d’obtenir à deux reprises consécutives un INR compris entre 2 et 3.

Le critère principal de l’étude était à 6 mois l’incidence les récidives de TVP symptomatiques documentés et les décès liés aux TVP. Les critères secondaires concernaient l’innocuité et la tolérance du traitement : complications hémorragiques, syndromes coronariens, fonction hépatique, effets secondaires.

Parmi les 1 274 patients du groupe dabigatran, 30 soit (2,4 %) ont eu une récidive de TVP contre 27 (2,1 %) sur les 1 265 patients du groupe Warfarine. La différence est de 0,4 % (95 % CI - 0,8 à 1,1,65 ; P< 0,001) pour les marges préspécifiées de non-infériorité. Le dabigatran est donc non inférieur à la warfarine sur le critère principal.

Concernant le risque hémorragique, 20 patients du groupe dabigatran (1,6 %) et 24 patients du groupe warfarine (1,9 %) (RR = 0,82 95 % CI, 0 ; 45 à 1,48 NS) ont eu des hémorragies majeures. Globalement le risque de saignement est réduit sous dabigatran : des épisodes de saignements (majeurs ou mineurs) ont été observés chez 205 patients du groupe dabigatran (16,1 %) et chez 277 patients du groupe warfarine (21,9 %) RR : 0,71, CI 0,59 à 0,85 p< 0,0002).

Le nombre de décès, de syndrome coronariens, d’anomalies biologiques de la fonction hépatique était comparable dans les deux groupes. Dans l’étude RE-COVER, 9 % des patients du groupe dabigatran et 6,8 % du groupe warfarine ont eu des effets indésirables qui ont conduit à l’arrêt du traitement.

L’étude RE-COVER fait partie du programme d’études cliniques d’envergure RE-Volution, destiné à évaluer l’efficacité et l’innocuité du Dabigatran exilate par rapport au traitement standard auprès de plus de 36 000 patients.

Communication du Pr Sam Schulman (Canada), au Congrès de l’ASH (New Orleans).

 Dr MICHELINE FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8696