Maladie très rare, sa prévalence est inférieure à 1/1 million, le syndrome de Pearson est une maladie mitochondriale qui se traduit par une vacuolisation de la moelle osseuse, une anémie sévère dans l'enfance avec une dépendance aux transfusions sanguines, suivie d'une insuffisance pancréatique et d'une acidose métabolique. « Quand les patients grandissent, l'anémie peut se résoudre mais les troubles métaboliques se poursuivent », précise le Dr Elad Jacoby, chef du département de pédiatrie, d'hématologie et d'oncologie du centre médical Chaim Sheba, en Israël. À l'âge adulte, les troubles métaboliques s'intensifient jusqu'au décès prématuré.
Lors d'une présentation orale au Congrès de l'ASH, le Dr Jacoby a présenté les données des 3 premiers cas traités par « augmentation mitochondriale ». Le principe est simple : il s'agit d'enrichir les cellules souches hématopoïétiques des patients avec des mitochondries prélevées dans les cellules de leurs mères. Les niveaux d'enrichissement en mitochondries étaient de 156, 162 et 114 %. « Il faut environ 5 jours pour la phase d'amplification des cellules souches, puis environ 24 heures pour l'enrichissement. Les mitochondries sont transmises aux cellules où elles peuvent prendre la place des organelles endogènes, puis se transférer d'une cellule à l'autre », précise le Dr Jacoby. Le conditionnement myéloablatif est superflu, principalement à cause de la fragilité des patients.
À chaque patient ses critères
Pour évaluer l'impact de l'intervention, « nous regardons les critères les plus pertinents pour chaque patient », explique le Dr Javoby. Le premier, suivi pendant 18 mois, a vu une réduction de son insuffisance rénale (avec un taux sanguin de magnésium passant de 1,5 mg/dL à plus de 3 mg/dL) et une correction de son acidose. Le second patient, qui se caractérisait par une faiblesse musculaire et une mauvaise endurance, a amélioré ses scores au test d'effort en 6 mois. L'intervention s'est également traduite par une augmentation de la croissance. Avec seulement 3 mois de recul, il est en revanche trop tôt pour dresser une première évaluation de l'effet de l'augmentation mitochondriale chez le 3e patient.
Pour le Dr Jacoby, « nous savons maintenons que cette technique est réalisable et ne semble pas provoquer d'effet secondaire important ». Un essai clinique est en cours de recrutement dans le but d'évaluer plus sérieusement l'efficacité de la technique.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature