Le Dr Guillotin expérimente dans la cour de l’hospice Bicêtre son nouvel appareil à trancher sur les têtes sur trois cadavres humains. Joseph-Ignace Guillotin après avoir été tenté un temps de porter la soutane, ancien élève de la Société de Jésus à Bordeaux, s’était tourné vers la médecine. Reçu docteur régent en 1770, il avait enseigné la physiologie et l’anatomie à la Faculté de médecine de Paris entre 1778 et 1783. Il était aussi devenu, sur recommandation, le médecin particulier du frère du roi, le Comte de Provence, le futur Louis XVIII.
En 1789, Guillotin est élu dixième député du Tiers de la vicomté et généralité de Paris aux états généraux le 15 mai 1789. S’intéressant très vite pour des raisons « philantropiques » à la peine capitale, Joseph-Ignace Guillotin prononca le 1er décembre 1789, à l'Assemblée nationale, un discours sur le Code pénal. Après avoir rappelé les décrets sur les droits de l'homme, il démontra la nécessité de réformer ce code : « La loi, soit qu'elle punisse, soit qu'elle protège, doit être égale pour tous les citoyens, sans aucune exception ». Et dans la foulée fit amender le texte : « Les délits du même genre seront punis du même genre de supplice, quels que soient le rang et l'état du coupable; dans tous les cas où la loi prononcera la peine de mort, le supplice sera le même (décapitation), et l'exécution se fera par un simple mécanisme ». Il voulait ainsi rendre les exécutions moins barbares et atténuer les souffrances des condamnés.
Le 1er juin 1791, l'Assemblée repoussa la proposition d'abolir la peine capitale à une majorité écrasante, décrétant que « dès à présent la peine de mort ne sera plus que la simple privation de la vie ».
Deux jours plus tard, le 3 juin, Le Pelletier de Saint-Fargeau édicte ce qui deviendra l’article 3 du Code civil : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée » . L'article issu de sa proposition sera introduit dans le code pénal le 6 octobre suivant.
Le 25 mars 1792, Louis XVI ayant signé la loi faisant adopter la machine à trancher la tête des condamnés,
le comte Pierre-Louis Roederer, un ancien constituant, fut chargé de faire construire le « grand rasoir national » et invita Guillotin à participer aux premières experiences. Le plus curieux est que si la machine porte son nom, Guillotin n’aura pas vraiment participé à sa construction, le Dr Antoine Louis en ayant été le véritable concepteur à partir de ses descriptions et de ses croquis.
La machine fut donc testée sur des moutons vivants puis, le 15 avril 1792, un nouvel essai est fait à l’hospice Bicêtre sur trois cadavres humains en présence de membres éminents de l’Assemblée Nationale mais aussi des Drs Pinel, Cabanis, Cullerier, Louis et, bien sûr, Guillotin...
La première éxécution réelle se déroula le 27 avril 1792, place de Grève à Paris, en présence d’une foule immense. Le condamné était un dénommé Nicolas-Jacques Pelletier, accusé d'avoir frappé un particulier de plusieurs coups de couteau pour lui dérober 800 livres en assignats, et condamné à mort pour ces faits le 24 janvier 1792. L’exécution se termina sous les huées de la foule, déçue qu’elle était de voir avec quelle rapidité et efficacité le bourreau avait accompli son œuvre...
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