Six mois après l’alternance, le ton des pouvoirs publics n’est plus le même avec les médecins. Marisol Touraine avait crispé la profession à l’extrême ; Agnès Buzyn s’emploie, depuis son premier jour à Ségur, à renouer le fil avec ses confrères. Pragmatique, la ministre de la Santé ne rendra pas le tiers payant opposable pour tous les patients au 30 novembre.
Elle a également exclu de remettre en cause la liberté d’installation des médecins dans son plan de lutte contre les déserts. Au grand dam de certains parlementaires de tous bords qui continuent de réclamer le conventionnement sélectif. Des députés socialistes demandent que soit expérimenté le principe d’une installation pour un départ dans les zones surdotées (voir notre article page 14). L’exécutif se veut audacieux et à l’écoute des praticiens. Il promet de financer la télémédecine et les projets d’organisation des soins innovants pilotés par les professionnels dans les territoires.
Après un quinquennat de plomb, les syndicats médicaux apprécient ce retour au dialogue. Mais cet apaisement sera-t-il durable ? Rien n’est moins sûr. Même s’il a donné un coup de pouce à la ville dans le budget de la Sécu, le gouvernement veut réaliser l’an prochain des économies sans précédent de 3 milliards d’euros sur le secteur de la santé. Il promet de s’attaquer au dossier de la pertinence des soins et de chasser les actes redondants ou inutiles. Autant dire que les prescriptions des généralistes (médicaments, IJ, transports…) seront un peu plus encore scrutées à la loupe. Le risque est grand de voir s’accroître les contrôles et contentieux avec l’Assurance maladie.
Comme si cela ne suffisait pas, Agnès Buzyn veut à tout prix engager la réforme de la recertification périodique des médecins. Comment ? À quelle fréquence ? Nul ne le sait. L’idée n’a pas encore vraiment convaincu la profession – c’est peu de le dire – déjà exaspérée par l’interminable refonte du développement professionnel continu (DPC), fausse obligation sans sanction.
Alors, quoi de neuf en 2018 ? Le changement en marche connaîtra-t-il un coup d’arrêt ?
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