MG, membre trésorier du SML, gère plusieurs organismes de formation, expert télésanté, gère le congrès Cybermed depuis quatre ans orienté sur la e-santé et qui a une notoriété sur la Côte d'Azur.
Nous faisons des formations sur la téléconsultation et les plateformes de TC. Les médecins sont intéressés, mais se heurtent à un certain nombre de problématiques pour les médecins : quel outil utiliser ? quelle est la sécurité de l'outil ? quel est le coût de l'outil étant donné la multitude de plateformes de TC et de TE ? Comment les médecins peuvent-ils utiliser un outil peu onéreux, fiable, sans risque particulier de sécurité et légalement valide ?
En matière de téléexpertise, l'hébergement doit être fait sur des plateformes de données sécurisées et agréées. Quant à la TC, elle intéresse beaucoup plus les médecins car elle est utilisable avec des outils simples.
Pour l'instant, il est beaucoup trop tôt pour faire une évaluation de qui fait quoi ? On sait seulement qu'il existe une multitude d'organismes, d'associations, de structures commerciales qui sont lancées dans la téléconsultation, certaines pour promouvoir leur plateforme, d'autres qui souhaitent à terme remplacer le médecin traitant. Ces dernières souhaitent faire le travail du médecin traitant quand il n'est pas là. Cela n'est pas acceptable pour nous médecins.
Nos réponses aux médecins : pour la TC, il n'est clairement pas nécessaire d'avoir une plateforme hébergée chez un hébergeur agréé de santé. Ce n'est pas pour autant qu'il faut faire n'importe quoi. Il faut héberger une plateforme cryptée, relativement simple d'utilisation : c'est quand même le médecin qui propose le lien de TC à son patient. Pour notre part, le SML propose une solution gratuite à ses adhérents. Par contre, l'adressage de l'ordonnance n'est pas résolue totalement : dès que vous adressez un document, nous rentrons dans le domaine des données de santé. Certains choix peuvent être proposés comme le cryptage de la pièce envoyée avec une clef de cryptage envoyée séparément... Nous n'avons pas de solution cohérente, car aucune des plateformes n'a été agréée pour l'instant. L'accréditation des hébergeurs de données de santé va changer : les démarches doivent être faites pour le 1er janvier 2019.
Deux types de plateformes :
Les premières dont l'objectif est de ne vendre que la plateforme et donc le produit en lui-même seront agréées à un moment ou à un autre comme des hébergeurs de santé.
Les autres comme Livi souhaitent changer complètement le modèle relationnel entre le médecin et son patient, c'est à dire de récupérer une partie des activités du médecin traitant. Cela correspond à un transfert de clientèle vers la plateforme. On a ici une démarche concurrentielle par rapport à l'activité du médecin. La téléconsultation ne peut se faire que dans le cadre d'une prise en charge en directe entre le médecin et son patient. La plateforme rend uniquement un service. A terme, la patientèle arrivera forcément sur la plateforme.
Nous sommes dans une phase d'expérimentation. Ni la caisse, ni les syndicats de médecins ne savent comment l'avenant 6 va être utilisé. Un nombre de garde-fous important dans la TC me paraît nécessaire dans un premier temps. Cela permettra d'adapter en fonction des contraintes et des éléments que nous n'aurons pas vus. La digitalisation de la médecine est en marche et nous ne pouvons pas aller contre. Il existe une demande en ce sens de la population. Il y a un besoin ressenti évident. Nous ferons un rapport d'étape. Nous craignons seulement qu'il y ait un transfert de clientèle vers des plateformes dont le seul objectif est de faire de la TC.
La prise en charge n'est pas le premier problème de ces plateformes. Une fois que les gens seront habitués pour une somme modique ou un abonnement d'appeler une plateforme pour un renseignement banal ou moins banal, le pli sera alors pris et cela sera un transfert de clientèle et d'activité. Dans quelques mois, nous serons à même d'établir une liste précise des PF avec celles qui ne font qu'un apport technique et celles qui souhaitent récupérer de la clientèle. Le remboursement de ces PF est une fakenews, cela ne sera pas possible car le remboursement ne concerne que les médecins et pas les PF, sauf si le médecin loue cette PF. C'est le même principe que pour Doctolib qui a de l'abonnement mensuel de manière à rentabiliser l'investissement réalisé.
Les réactions des médecins quand nous les avertissons des risques inhérents aux PF :
- certains ne veulent pas entendre parler de TC ni de santé numérique. Nous pensons que c'est une erreur de ne pas prendre en compte ce changement.
- d'autres souhaitent essayer en essayant que cela ne leur coûte pas trop cher et qu'ils puissent continuer à maîtriser leur clientèle. Mais la plupart comprend très vite qu'il y a un risque avec les PF.
Pour les médécins, l'intérêt de l'avenant 6 est que cela va leur permettre de digitaliser une partie de leur activité qui sera peu importante au départ, au mieux une demi-journée par semaine. C'est la phase d'apprentissage où les gens s'y mettent doucement au début. Bref, il y a plein d'aspects pratiques dont nous ne savons pas encore comment ils vont être pris en charge.
Les patients souhaitent avoir des renseignements rapidement et que leur médecin soit connecté. Souvent leur médecin traitant est important car il connaît bien leur dossier médical. Mais tout ne peut pas être fait de manière virtuelle. La rencontre physique avec le diagnostic est importante ainsi que l'avis pluridisciplinaire auquel la téléexpertise ne pourra pas répondre systématiquement.
L'hôpital a beaucoup de choses à dire. La seule chose est de savoir si elle aura le temps de le faire. Je pense que l'hôpital a plutôt son rôle dans la téléexpertise. En témoigne les Alpes Maritimes avec des vallées très excentrées qui ont beaucoup de besoin en TE et cela se pratique déjà. Ainsi, le patient est présenté en dermatologie, en cardio ou en psychiatrie à des médecins référents de la région de Nice. Quant à la médecine générale, elle sera plutôt intéressée par la TC sur des problèmes plus simples. Ces pratiques à distance, on les pratique depuis des années sans le savoir, c'est juste l'outil qui change.
Les dépassements d'honoraires (secteur 2) en TC sont praticables. Cela se fait simplement dans le cadre d'un accord entre le médecin et son patient.
L'outil de TC est simple à utiliser. Par contre, la TE nécessite un investissement plus important en raison de l'hébergement agréé.
Le DMP ne doit pas être implémenté à la main. Il faut que cela soient nos logiciels métiers qui le fassent. Il n'est pas question qu'une PF de TC fasse le boulot d'une application métier. Certaines PL de TC commencent à apparaître sur les logiciels métiers. Par exemple, Crossway qui dépend de Cegedim a créé une PF de TC et de TE qui permettrait de faire de TC à partir de l'application métier. Ce n'est pas une solution qu'on refuse pour notre part. Car cela fait partie d'un ensemble intégré et logique, qui peut être coûteux. Mais Cegedim n'a pas normalement vocation à récupérer les dossiers des patients ou à transférer la clientèle des médecins vers une PF de TC. Si les PF commencent avec ces pratiques, ils risquent de perdre leurs logiciels métiers, car tous les médecins vont les quitter.
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