« La hausse de nos dépenses de santé demeure soutenable si elle reste autour de 2 %, mais la tendance va vers les 4 % quand on ne fait rien. Jusque-là, nous avons serré les tarifs, nous devons maintenant aller vers le juste soin et un système de rémunération qui valorise l’innovation. C’est une révolution culturelle ! » Et une équation souvent jugée impossible.
Par ces mots, Nicolas Revel a posé les contours du débat sur la (bonne) régulation du système de santé, lancé au Forum Santé et Avenir*, organisé par le quotidien « Sud Ouest » en février à Bordeaux. Fondant son analyse sur la réalité économique, le directeur général de l'assurance-maladie (CNAM) a construit sa réponse à trois niveaux : la prévention, car si notre système soigne bien, certains indicateurs sont très mauvais (forte progression des ALD chez les 50-65 ans) ; l’organisation des soins, trop hospitalo-centrée, pas assez collective ni efficace en ville ; et enfin, la pertinence des soins.
Pas de politburo !
Ce programme a été bien reçu par Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, qui en a toutefois contesté la mise en œuvre, trop centralisée à son goût : « L’état doit s’appuyer sur l'intelligence des territoires, sans suradministrer les bonnes idées jusqu’à les scléroser. Un chirurgien porteur de projet m’a confié qu’on lui avait demandé de participer à six réunions à Paris ! Il a dit : "j’arrête". Il faut faire confiance aux acteurs, sans un politburo en amont. »
Prêchant pour sa paroisse, Thierry Beaudet a proposé de confier aux complémentaires santé un rôle plus important dans l’organisation du système de soins et sa régulation. Et de prendre en exemple deux initiatives de terrain en Nouvelle-Aquitaine, soutenus par la Mutualité : le regroupement de médecins à Niort (Deux-Sèvres) et la constitution d’une équipe pluridisciplinaire réunissant praticiens hospitaliers, libéraux et salariés, à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne).
Philippe Arramon-Tucoo, président de l’URPS ML de Nouvelle-Aquitaine a rappelé la position des médecins : « Nous sommes d’accord sur le constat posé sur notre système de santé, presque d’accord sur les solutions proposées, mais beaucoup moins sur leur mise en place. Il faut laisser respirer les territoires, ne pas enfermer les solutions dans des cadres contraignants ! Quant à la pertinence des soins, si l’on prend l’exemple de la chirurgie ambulatoire, elle bénéficie aux établissements, aux patients, aux mutuelles, à l’assurance-maladie, mais où est l’intérêt du chirurgien ou de l’anesthésiste ? » La question reste en suspens.
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