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Bientôt un patch pour se vacciner contre la grippe ?

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Publié le 28/06/2017
le patch

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Crédit photo : Roxane Curtet

Une nouvelle galénique de vaccin sous forme de patchs contenant des aiguilles microscopiques qui se dissolvent après application, serait efficace, stable et facilement auto-administré par les patients, selon un essai clinique de phase I publiée dans the Lancet. Ce nouveau type de vaccin pourrait s’avérer être une bonne alternative à la traditionnelle injection pour augmenter la couverture vaccinale anti-grippale. 

Des premiers résultats encourageants

Les travaux, conduits par l’université Emory (Atlanta, Géorgie) ont inclus 100 participants âgés entre 18 et 49 ans. Tous devaient être en bonne santé et ne devaient pas avoir été vaccinés durant la saison précédente. Ils ont ensuite été divisés en quatre groupes distincts : un quart a été vacciné via le patch par un professionnel de santé, d’autres ont reçu le même vaccin mais se le sont auto-administré, un 3e groupe a été vacciné par injections intramusculaires par un praticien et enfin le groupe contrôle s’est vu posé des patchs contenant un placebo par un médecin. L’injection était faite sur le bras et le patch était appliqué une vingtaine de minutes sur le poignet. Les personnes qui devaient se l’administrer elles-mêmes ont été guidées grâce à une présentation audiovisuelle. Par la suite, les chercheurs n’ont pas seulement analysé les données de sécurité et d’immunogénicité, ils ont aussi observé l’acceptabilité du concept.

D’après les résultats, 28 jours après vaccination, le patch génère une réponse immunitaire avec des taux d’anticorps similaires à l’injection intramusculaire. De même, aucun évènement indésirable important n’a été signalé après 6 mois. Les réactions demeuraient légères et transitoires : les participants ont surtout rapporté des douleurs suite à l’injection et ceux qui ont reçu le patch ont davantage évoqué des démangeaisons ou des rougeurs. Point positif, la plupart des sujets ont surtout bien accepté le recours au patch avec un score d’acceptabilité de 4,5-4,8 sur 5 contre 4,4 pour l’injection. Après 28 jours, près de 70 % des personnes ayant été vaccinées par patch ont témoigné préférer cette méthode à l’injection.

Par ailleurs, aucune différence n’a été observée entre le groupe dont le patch a été posé par un professionnel de santé et ceux qui se le sont administré eux-mêmes. Après usage, l’analyse des dispositifs a révélé que les micro-aiguilles s’étaient bien dissoutes dans la peau. De manière générale, les vaccins par patch restaient efficients, même un an après sans avoir été conservée dans un espace non réfrigéré, ce qui est un avantage certain au niveau du stockage.

Les recherches vont se poursuivre

« L’un des principaux objectifs du développement de la technologie des patchs avec micro-aiguilles était de rendre les vaccins accessibles à davantage de personnes. Normalement, si vous recevez un vaccin contre la grippe, vous devez prendre rendez-vous chez un professionnel de santé qui vous l’administrera. D’autre part, celui-ci doit être stocké dans un réfrigérateur et l’aiguille usagée doit être jetée de façon sécurisée. Avec le patch, vous pouvez aller chercher votre vaccin en pharmacie, le rapporter chez vous, le mettre sur votre peau pendant quelques minutes, l’enlever et le jeter en toute sécurité car les aiguilles se sont dissoutes. Ces patches peuvent en plus être gardés à l’extérieur d’un endroit réfrigéré, de sorte qu’on pourrait même les envoyer aux patients », s’enthousiasme le Dr Mark Prausnitz, un des auteurs de l’étude.

Au vu de ces résultats plus que prometteurs, l’équipe va poursuivre ces travaux avec un essai clinique de phase II. Il est également question de développer la méthode et d’élargir le concept à d’autres vaccins comme la rougeole, la rubéole ou la poliomyélite.

Dans un commentaire associé à l’étude, les Dr Katja Höschler et Maria Zambon, membre du Public Health England, ne cache pas leur espoir, notamment pour améliorer la vaccination dans les pays en voie de développement. « Ces premiers résultats suggèrent l’émergence d’une nouvelle option prometteuse pour la vaccination saisonnière. Même si le fait de ne pas être vacciné contre la grippe dans des régions où les ressources sont suffisantes est, pour la plupart des gens, un choix (…) En 2014 seulement 24 % des pays à faibles revenus ont des politiques de vaccination contre la grippe contre 92 % pour les pays à hauts revenus. Par conséquent, les caractéristiques les plus intéressantes du patch restent son faible coût, ses facilités de stockage et au niveau de la sécurité. Notamment, la fiabilité des patchs pendant un an jusqu’à 40 °C et l’absence de déchets tranchants sont des améliorations importantes. Ils ont donc le potentiel de devenir des candidats idéaux pour des programmes de vaccination, non seulement dans un contexte de ressources insuffisantes, mais aussi pour des personnes réticentes au vaccin. Il pourrait aussi potentiellement être un vaccin attractif pour la population pédiatrique ».

 

 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr