Né à Montpellier le 2 décembre 1734, Paul-Joseph Barthez fut avec Théophile de Bordeu, le fondateur de l’école vitaliste, appelée aussi doctrine médicale de l’Ecole de Montpelllier. Selon les théories du vitalisme, le vivant n’est pas réductible aux lois physico-chimiques. La vie est envisagée comme de la matière animée d’un principe de force vitale qui s’ajouterait pour les êtres vivants aux lois de la matière.
Barthez, qui avait commencé sa scolarité chez les pères de la Doctrine chrétienne de Narbonne était un élève tellement surdoué que ses professeurs se sentant surpassés par ses capacités l’encouragèrent à aller poursuivre ses études à Toulouse car il leur faisait trop ombrage.
Collaborateur de D’Alembert sur son « Encyclopédie »
Inscrit à la faculté de Montpellier le 30 octobre 1750, Barthez est reçu en 1754 docteur en médecine alors qu’il a tout juste 20 ans. Il se décide alors à monter à Paris où il rencontre D’Alembert qui, séduit par son esprit synthétique, va en faire l’un des principaux contributeurs de son « Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers ». Barthez va ainsi rédiger près de 2 000 notices sur la médecine et l’anatomie.
Nommé médecin militaire en 1756, il quitte Paris pour Coutances, et durant son séjour dans la Manche, il a l’occasion d’observer l’épidémie qui sévissait dans le camp de Granville et va en tirer un mémoire qui sera publié dans le recueil de l’Académie des Sciences l’année suivante. Cette même année 1757, il va commencer à collaborer au « Journal des Savants » et à l’« Encyclopédie méthodique ».
Souhaitant revenir sur ses terres languedociennes, Barthez concourt en 1760 pour une place vacante à l’université de Montpellier, poste qu’il décroche non sans peine. Pourtant, au fil des ans, Barthez va réussir à redonner son ancien lustre à l’emblématique école de médecine de Montpellier. Barthez avec son érudition prodigieuse, sa mémoire phénoménale et son don pour les langues (il parlait le grec, le latin et presque toutes les langues européennes) sait subjuguer son public, mais à côté de cela ses contemporains le décrivent petit, laid, colérique et jaloux...
En 1773, alors qu’il est coadjuteur et survivancier du chancelier de la Faculté de Montpellier, le médecin languedocien expose sa théorie du « principe vital » qui régit l'âme, la vie animale et la vie de relation, les mouvements volontaires en particulier dans « De principio vitali hominis , « Nova Doctrina de functionibus naturae humanae » et « Nouveaux Éléments de la science de l'homme »
Toujours plus avide d’honneurs et de places, Barthez va commencer à étudier la législation et est reçu docteur en droit en 1780. Il acquiert presque aussitôt une charge de conseiller à la cour des aides de Montpellier, mais il ne retire pas de cet investissement intellectuel et financier les bénéfices escomptés. En outre, son caractère violent et son excessive irritabilité vont bientôt fatiguer ses pairs qui, dès lors, ne vont cesser de lui chercher querelle. Ce qui conduit Barthez à quitter Montpellier et à venir s’établir à Paris en 1780.
Des positions réactionnaires au début de la Révolution
L’année suivante il devient médecin consultant de Louis XVI et du duc d'Orléans, médecin-chef de tous les régiments de dragons, conseiller d'État et, en 1785, associé libre de l’Académie royale des sciences. Mais la révolte commence à gronder et la position réactionnaire qu'il adopte,en 1789, dans son « Libre Discours sur la prérogative que doit avoir la noblesse dans la Constitution et les États généraux de la France » l'oblige à quitter Paris et à se retirer à Narbonne dans une semi-clandestinité.
Après quelques années de purgatoire, Chaptal va réintégrer Barthez, en l'an IX, comme professeur honoraire de la faculté de Montpellier où, pour son retour, il inaugure un buste d’Hippocrate retrouvé dans des fouilles archéologiques.
De nouveau sur une pente ascendante, Barthez est promu médecin du Premier Consul en 1801 puis médecin du gouvernement en 1802, associé à Corvisart. La même année, il fait paraître son « Traité des maladies goutteuses » qui va connaître un grand succès et le faire connaître à l’étranger . En 1804, Napoléon lui décerne la Légion d’Honneur et lui attribue le poste de médecin consultant qu’il conservera jusqu’à sa mort en 1806, mais sa santé commence à décliner. Célibataire endurci, il vient de voir mourir sa gouvernante avec laquelle il vivait depuis quarante ans. Une perte dont il ne se remet pas. Il décède le 15 octobre 1806 suite à des complications de la gravelle.
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