Trouble de la personnalité borderline

Aurait-on pu sauver Marilyn Monroe et Amy Winehouse ?

Publié le 17/12/2015
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Le trouble de la personnalité borderline (TPB) concerne principalement la jeune femme et se manifeste par :

de la labilité émotionnelle ; de l’impulsivité ; des angoisses d’abandon ; des mises en danger, notamment sexuelles, des automutilations, des addictions et des conduites suicidaires ; une vie relationnelle chaotique.

Le facteur de risque principal est le fait d’avoir vécu durant l’enfance des maltraitances sexuelles, physiques ou affectives.

Psychotropes

Les psychotropes peuvent-ils être efficaces dans ce contexte ? Une recension très récente (1) des méta-analyses montre que :

– Il y a peu d’études bien conduites ;

– la plupart des éléments de preuve étayent l’utilisation des stabilisateurs de l’humeur sur les dimensions d’hyperréactivité émotionnelle, d’impulsivité et d’agressivité, et des antipsychotiques atypiques pour traiter les distorsions cognitives perceptives ;

– les antidépresseurs n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.

Dans la vraie vie

Les enquêtes menées aux États-Unis et en Angleterre montrent que plus de 80 % des patients souffrant de TPB suivis en ambulatoire bénéficient d’au moins un psychotrope. Dans ces pays, l’utilisation des stabilisateurs de l’humeur et des antipsychotiques atypiques a beaucoup augmenté au cours des dernières années, tandis que l’on observe un abandon progressif des antidépresseurs et des benzodiazépines. Cela montre que les cliniciens anglo-saxons ont tendance à améliorer leurs pratiques de prescription. À ce titre, les benzodiazépines sont à proscrire, car elles augmentent de façon majeure le risque de passage à l’acte agressif ou suicidaire.

Par ailleurs, la plus vaste étude longitudinale (Cohorte McLean) montre que, après 16 ans de suivi prospectif, 71 % des personnes souffrant de TPB prennent encore une médication psychotrope, ce qui souligne l’utilisation de ces médicaments comme traitements de fond.

En pratique

La balance bénéfice risque de l’utilisation des psychotropes dans les TPB est à évaluer au cas par cas en fonction du profil symptomatique individuel. Que cherche-t-on à cibler ? Le risque suicidaire ? L’impulsivité et les comportements à risque ? La potentialisation de la psychothérapie ?

Dans tous les cas, les polymédications sont à éviter, la prise en charge des comorbidités est fondamentale (addictions, troubles anxieux, troubles du comportement alimentaire), la gestion des effets secondaires (prise de poids, sédation, baisse de la libido) et la psycho-éducation devraient être les pierres angulaires de toute prise en charge.

Psychiatre

(1) Silk. J Clin Psychiatry 2015

En savoir plus :

La Fragilité Psychique des Jeunes Adultes. Odile Jacob, 2015. 427 pages, 24,90€

Dr David Gourion

Source : Bilan spécialiste