Dans une lettre adressée ce 15 avril à Joe Biden, 170 lauréats du prix Nobel et anciens chefs d’État ou de gouvernement appellent le président des États-Unis à soutenir la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid, « une étape vitale et nécessaire pour mettre fin à la pandémie », jugent les signataires, dont l'ancien président François Hollande, la Pr Françoise Barré-Sinoussi (Nobel de médecine) et le Dr Denis Mukwege (Nobel de la paix).
« Nous sommes encouragés par les informations selon lesquelles votre administration examine une levée temporaire des droits de propriété intellectuelle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pendant la pandémie, comme proposé par l'Afrique du Sud et l'Inde », écrivent-ils.
Les pays ont en effet déposé le 2 octobre auprès de l’OMC une proposition de dérogation temporaire à certaines obligations découlant de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) pour permettre une production massive de vaccins partout dans le monde sans souci des brevets. La proposition a reçu le soutien de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de 103 des 162 pays qui composent l'OMC, principalement des pays en développement et défavorisés. En Europe, malgré les nombreux appels en faveur d’une suspension des brevets sur les vaccins, les États continuent de bloquer cette initiative.
Le soutien des États-Unis à une telle mesure permettrait d’élargir « la capacité de fabrication mondiale, sans être entravée par les monopoles de l'industrie qui sont à l'origine des graves pénuries d'approvisionnement bloquant l'accès aux vaccins », poursuivent les signataires, estimant qu’« à ce rythme, de nombreux pays devront attendre au moins 2024 pour parvenir à la vaccination de masse contre le Covid-19 », malgré la mise en place du mécanisme Covax.
Un premier pas vers une « architecture de santé internationale plus robuste »
Selon eux, « le marché ne peut pas répondre de manière adéquate à ces défis, pas plus que le nationalisme ». Car une levée temporaire des brevets devrait s'accompagner « d'un investissement mondial coordonné dans la recherche, le développement et la capacité de fabrication pour faire face à cette pandémie et nous préparer aux futures, dans le cadre d'une architecture de santé internationale plus robuste ».
En parallèle, une autre lettre, signée par 240 organisations de la société civile, dont, en France, Médecins du Monde et Médecins sans Frontières, a été adressée, le 14 avril, à la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala. Alors que le débat prend de l’ampleur sur une dérogation aux droits de propriété intellectuelle, la patronne de l’OMC a adopté une approche de la « troisième voie », fondée sur des accords bilatéraux volontaires entre les détenteurs des brevets et leurs sous-traitants.
Mais les accords déjà signés contiennent des conditions restrictives laissant le contrôle aux entreprises détentrices de la technologie et limitant artificiellement la production et l'approvisionnement. « La troisième voie proposée par la directrice générale de l’OMC n’est qu’une nouvelle réponse de "business as usual" orchestrée par les intérêts des principaux détenteurs de brevet, et par cela, semble détourner l’attention des véritables solutions pour l’élargissement des capacités mondiales de production », regrette le Dr Philippe de Botton, président de Médecins du Monde France.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque