ON S’EN SERAIT douté : ancienne « sherpa » de François Mitterrand, Anne Lauvergeon a atteint la notoriété quand elle se trouvait dans le camp socialiste. Mais ses compétences et sa loyauté à l’égard de l’industrie nucléaire, enjeu national, ne peuvent être mises en cause. C’est elle qui a aggloméré Areva en fusionnant plusieurs sociétés, acquérant en même temps un pouvoir que le magazine américain « Forbes » lui a largement reconnu en la présentant comme l’une femmes les plus puissantes d’Europe. Elle eu aussi sa part de déboires, notamment la construction d’une centrale EPR en Finlande, qui a essuyé les plâtres de l’innovation (c’est la première du genre) et risque de coûter plus cher en amendes de retard que ce qu’elle rapportera. Mais c’était inévitable et on ne peut, en l’occurrence, que saluer le courage français. Elle a aussi perdu, à cause d’un certain nombre de maladresses bureaucratiques, un contrat très important avec Abou Dahbi.
L’après Fukushima.
Nicolas Sarkozy a semblé soutenir Mme Lauvergeon depuis qu’il est entré à l’Élysée. Cependant, il n’a jamais eu avec elle les affinités profondes qu’il a avec Henri Proglio, qu’il a nommé à la tête d’EDF, et qui veut prendre le contrôle de toute la filière nucléaire française. M. Proglio a défrayé la chronique lors de sa nomination à EDF, parce qu’il souhaitait cumuler son nouveau et son ancien salaires, projet qui a soulevé assez de diatribes pour être aussitôt abandonné.
AREVA CHANGE AU MOMENT OÙ LE NUCLÉAIRE ÉPOUVANTE TOUT LE MONDE
Le changement à la tête d’Areva se produit à un moment critique. L’accident de Fukushima et le désastre qu’il a entraîné ont donné un coup de froid à l’industrie nucléaire civile dans le monde. L’Allemagne, comme on le sait, va démanteler à terme toutes ses centrales. M. Sarkozy a déclaré que, s’il était utile de procéder à une révision des réacteurs français pour mieux garantir leur sécurité, il n’est pas question que la France renonce à sa production d’électricité par l’atome. Il n’empêche que M. Sarkozy n’est pas sûr d’être réélu et que, quoi qu’il arrive, la gauche passera au moins un compromis avec les Verts pour commencer à dénucléariser le pays. Si elle ne décide pas de suivre le chemin tracé par le gouvernement allemand. Objectivement, une méga-industrie qui assure des milliers d’emplois en France, a maintenant un avenir plus sombre qu’avant Fukushima, à l’époque où notre pays se trouvait extrêment bien placé pour vendre ses EPR à l’étranger grâce à la supériorité de son savoir technologique. Le contexte commercial et politique est aujourd’hui plus difficile. Luc Oursel connaît fort bien les dossiers et peut faire le travail. Il demeure qu’Anne Lauvergeon a été plébiscitée, y compris à droite, comme la meilleure dirigeante de la filière. M. Oursel est peut-être capable de se conduire comme un patron à part entière, celui qui gère au quotidien mais a aussi une vision industrielle, des réflexes commerciaux et un sens des subtilités politiques. Toutefois, pour autant que l’on connaisse les ambitions de M. Proglio, on croit deviner qu’il va déterminer la politique nucléaire de la France sous le regard bienveillant de M. Sarkozy.
Une tâche malaisée.
Bien entendu, comme pour tout le reste, ce qui compte est moins le sort individuel des personnes que les performances industrielles. Une hypothèse est que l’on regrettera Anne Lauvergeon ; une autre hypothèse est que tout continuera comme avant. Il est bien peu probable en revanche que M. Oursel ou M. Proglio franchissent sans encombre les difficultés créées par la très mauvaise réputation du nucléaire. Les écologistes ne leur feront pas de quartier. Les socialistes, s’ils reviennent au pouvoir, n’auront pas pour M. Proglio, ni même pour M. Oursel, la sollicitude que leur accorde le président de la République en exercice. Le marché, par ailleurs très concurrentiel (Américains et Coréens vendent de bons réacteurs), n’est plus aussi prometteur qu’au début de l’année. La France peut néanmoins s’imposer grâce à l’EPR, qui est un modèle de centrale beaucoup plus sûr. La réussite commerciale dépendra de la qualité du produit.
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