LE VOYAGE EN IRAK était secret pour des raisons de sécurité et il en aura surpris plus d’un. Plus surprenant encore, l’hommage que Nicolas Sarkozy a rendu au Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, qui vient de remporter les élections. Comme son prédécesseur, Jacques Chirac, le chef de l’État se fait le VRP de l’industrie française et il espère bien qu’un Irak qui commence (à peine) à se stabiliser deviendra un bon client de la France. M. Al-Maliki, pour sa part, ne risquait pas de négliger le soutien apporté par notre pays. Car il demeure, aux yeux de beaucoup d’États, l’homme qu’ont mis en place les Américains. M. Sarkozy pressent que Barack Obama entend se dégager de plus en plus de l’Irak pour rassembler ses troupes et livrer bataille en Afghanistan. Il devine que cette stratégie pourrait laisser un vide diplomatique en Irak et il il espère le combler.
La menace iranienne.
Tactique périlleuse, car l’Irak reste soumis à des forces internes encore susceptibles de le déchirer, d’autant que, même s’il est admis qu’Al-Qæda a dû battre en retraite, les attentats sont encore nombreux et sanglants et les rivalités ethniques et religieuses entretiennent de vives tensions. Sur l’Irak, comme sur le reste de la région pèse la menace iranienne. C’est probablement la principale raison pour laquelle le gouvernement a voulu prendre date : il n’est pas question de laisser faire Téhéran. M. Sarkozy, qui s’est rendu aussi dans les Émirats, espère en outre exporter des armements, notamment des avions Dassault. Bref, il lutte comme il peut contre la crise.
C’est toutefois sur notre appartenance à l’OTAN qu’il va rencontrer les plus vives résistances internes. Une bonne partie de la droite, inspirée par le gaullisme, boude la réintégration complète de la France dans l’Alliance et trouve à gauche un soutien de circonstance. D’autant que l’OTAN va nous demander plus de sacrifices qu’elle ne va nous procurer des avantages. Ce n’est un secret pour personne, Barack Obama, veut à tout prix maintenir l’influence occidentale en Afghanistan et demandera à ses alliés d’y renforcer leurs troupes. Le gouvernement a fait savoir que, à ce stade, il n’est pas question d’envoyer sur place des renforts français. Mais M. Obama n’a pas encore exprimé ses desiderata.
Autrement, l’idée qu’il existe une doctrine gaulliste qui repose sur la souveraineté totale de la France ne vaut plus grand-chose aujourd’hui. Il n’est pas impossible que de Gaulle lui-même aurait changé d’avis. Nous ne sommes plus en 1966 et l’expérience a montré que l’OTAN a été un formidable instrument de l’effondrement du totalitarisme dans les pays de l’Est. Le général de Gaulle, en fait, voulait appliquer une politique d’équilibre entre les deux blocs, un peu à la manière du tiers monde, qui s’est beaucoup servi de la rivalité idéologique entre l’Est et l’Ouest pour obtenir des avantages des deux parties. Aujourd’hui, tout cela est de l’histoire ancienne. Et la lutte contre le terrorisme exige un échange permanent de renseignements entre tous les pays qu’il menace. La France n’est pas moins une cible de l’intégrisme que les États-Unis. Mais cela n’empêchera pas les gaullistes purs et durs, et avec eux la gauche, de s’emparer du dossier, ce qui peut ajouter encore aux difficultés croissantes que le président rencontre dans la mise en uvre de ses projets. Pour le moment en tout cas, rien n’indique qu’il reculera sur son rapprochement avec l’OTAN.
Concurrrrence déloyale.
Ses relations avec nos partenaires européens ne se sont pas améliorées. Les tchèques nourrissent contre M. Sarkozy une vive animosité depuis qu’il a déclaré qu’il préférait que nos industries ne délocalisent pas en République tchèque. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dont M. Sarkozy s’était beaucoup rapproché du temps de la présidence française, laisse maintenant ses commissaires interroger le gouvernement français sur un soutien financier à l’industrie automobile qu’ils considèrent comme une concurrence déloyale. On ne les rejoindra pas sur ce point, pas plus qu’on n’adoptera l’idée qu’un gouvernement peut, dans une telle tourmente, accepter la délocalisation de nos usines. On a le sentiment que nombre de gouvernements européens et la commission européenne n’ont pas pris la vraie mesure de la crise. Il est temps qu’ils se réveillent et qu’ils se rendent compte que les règles qui régissent l’Union européenne doivent être assouplies (sinon elles le seront sous l’effet de la crise), que les critères de Maastricht ont été balayés par le tempête financière et que, ce qui compte, c’est qu’il n’y ait pas de déséquilibre entre des membres vertueux de l’UE et des membres coupables de laxisme. Aucun pays n’a résisté à la crise, pas même l’Allemagne ; et la récession est la même pour tous, ainsi que les déficits publics. PSA et Renault n’en sont plus au stade de la délocalisation, mais de la survie ; et ce qui peut arriver de mieux à l’industrie tchèque, c’est que la nôtre retrouve sa santé pour être en mesure de faire, un jour, de nouveaux investissements chez elle.
En Europe, on sa gausse souvent des prétentions de Nicolas Sarkozy à diriger l’Union même quand il n’en a pas la présidence. Il se trouve néanmoins qu’il l’a gouvernée avec mæstria pendant la seconde moitié de 2008 et que, dans la longue apathie qui a suivi l’action immense de Jacques Delors, la présidence française a donné l’impression que l’Europe se réveillait.
OHÉ, LES EUROPÉENS ! IL Y A UNE CRISE !
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