M. Guéant a certainement confondu société et civilisation. Son propos, en tout cas, était bien vague et ne méritait pas que l’on s’y attardât. Tout au plus fait-on remarquer, non sans pertinence, qu’il relevait de l’offensive qu’il mène pour ramener à Nicolas Sarkozy les électeurs de Marine Le Pen. Mais la mécanique du politiquement correct a fonctionné une fois de plus. La question des rapports entre la France et l’islam exige une analyse, sûrement pas au sein du rapport de force électoral, mais dans l’absolu. Il n’est pas normal, par exemple, que les socialistes soient divisés sur le port du voile. Son interdiction ne constitue en rien un affront fait à l’islam mais une disposition républicaine fondée sur la liberté de la femme et sur la façon de vivre en France.
Dans ces conditions, dire, comme M. Letchimy, que la préférence pour le mode de vie de notre société (en définitive, c’est ce que voulait dire M. Guéant, quelle que fût, par ailleurs, son arrière-pensée) nous conduit tout droit au nazisme et aux camps de concentration, c’est commettre une faute. La question n’est pas de savoir s’il a insulté le gouvernement dont les membres, François Fillon en tête, ont quitté l’Hémicycle, ou si son discours porte préjudice à la réputation de notre pays, ou s’il s’est exprimé sous l’empire d’une émotion par ailleurs tout à fait compréhensible. La question porte sur le raisonnement inacceptable qui est le sien et qui, hélas, est devenu monnaie courante.
Aujourd’hui, tenter de réguler les flux migratoires relève du nazisme ; expulser des immigrés clandestins, nazisme aussi ; s’en prendre aux Roms, nazisme encore ; réprimer la délinquance et la criminalité, nazisme toujours. On peut débattre de la qualité des mesures adoptées par le gouvernement, on ne peut pas, en toutes circonstances, le renvoyer au régime le plus criminel de l’Histoire. Cela revient à banaliser le nazisme. Cela revient à dire que les nazis n’ont jamais fait qu’expédier les Juifs (ou d’autres minorités) vers une autre contrée ; qu’ils leur auraient même donné un peu d’argent pour partir alors qu’ils les ont dépouillés avant de les assassiner ; qu’ils se sont contentés de durcir les conditions d’immigration en Allemagne. Qu’un texte fumeux sur une civilisation qui serait supérieure à d’autres soit présenté, par un raccourci simpliste, comme un manifeste totalitaire est absurde. François Hollande n’a pas voulu désavouer M. Letchimy. Son attitude est dictée par la campagne électorale : ne faire aucune concession à l’adversaire, pardon, à l’ennemi. Pourtant, le candidat socialiste, dont les amis ont été si prompts à trouver dans les propos de M. Guéant ce qu’il s’y trouvait de pervers, aurait pu se démarquer de la banalisation du nazisme énoncée, apparemment sans qu’il le sache, par M. Letchimy.
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