JAMAIS, PEUT-ÊTRE, l’absence du pouvoir politique en Europe n’aura été aussi flagrante. Nicolas Sarkozy, qui nous avait habitués à intervenir avec un certain brio, trouve porte close à Berlin où Angela Merkel, alliée à un parti libéral en plein déconfiture, croit trouver son salut en flattant le mépris des Allemands pour les Grecs. On peut penser ce qu’on veut de la Grèce et de son gouvernement, on ne saurait nier qu’ils ont fourni des efforts colossaux au delà desquels ils parviendraient à une ruine aussi certaine que celle causée par l’endettement. On peut comprendre la fureur des Allemands, il ne faut pas pour autant qu’elle leur dicte une conduite suicidaire : une faillite de la Grèce lui serait fatale, et elle ferait de la zone euro une entité instable, susceptible d’exploser et à qui personne ne prêterait plus un centime. L’Italie deviendrait alors la cible de ce que l’on appelle la spéculation, qui est aussi, sous une forme cruelle, l’aiguillon de la vérité : aucun État ne serait en mesure de renflouer la péninsule si elle se révélait incapable de respecter ses échéances de remboursements.
LES MARCHÉS N’ATTENDENT QU’UN SIGNE ENCORAGEANT DES GOUVERNEMENTS
Pas de procès du passé.
Il est absurde de faire le procès du passé, de répéter qu’il ne fallait pas en arriver là. Nous sommes bel et bien obligés de résoudre le problème (et, si possible, durablement) tel qu’il se présente aujourd’hui, c’est-à-dire avec des monceaux de dettes auxquels tout le monde, y compris l’Allemagne, a contribué. Que l’Europe se soit donné il y a dix ans une monnaie unique que ne soutenait pas la convergence des économies et des systèmes sociaux, il est trop tard pour le rappeler. Rien ne l’empêche aujourd’hui de mettre en place les mécanismes de cette convergence. Comme ils ne fonctionneront que dans plusieurs années, quelle autre solution instantanée existe-t-il en dehors d’une mutualisation des dettes ? L’Allemagne croit-elle qu’elle continuerait à prospérer dans un continent dévasté ? Si la France, l’Italie et l’Espagne réduisent leurs importations en provenance d’Allemagne, pourrait-elle accumuler des excédents commerciaux ? Le retour au mark n’entraînerait-il pas une forte dévaluation dans les pays européens, et donc une diminution considérable des exportations allemandes ?
Angela Merkel se dit sans doute que, pour ménager sa fragile coalition gouvernementale et empêcher la baisse de sa popularité, elle doit se garder de prendre une décision jusqu’à ce que les marchés se stabilisent d’eux-mêmes. Mauvais calcul. Cela fait au moins six semaines que les acteurs économiques et financiers attendent un signe réconfortant des autorités allemandes. Des semaines que la plupart des banques européennes, y compris les allemandes, sont attaquées. Des semaines que les citoyens européens se posent des questions légitimes sur la solidité de leurs comptes-courants et de leur épargne. Des semaines que les gouvernements prononcent des paroles aussi hypocrites que faussement rassurantes. On attendrait benoîtement le jour du jugement dernier que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Le silence.
L’Europe ne trouvera son salut que si elle se ressaisit. Que si la zone euro prend ses responsabilités. Que si la Grèce est sauvée. Que si les banques sont recapitalisées. Que si l’Allemagne et la France prennent ensemble ou laissent l’exécutif européen prendre des décisions drastiques pour assainir le système financier. Que si, en somme, l’Europe émerge enfin d’un été de prostration et de fatalisme.
D’autant que, même si la croissance est revue à la baisse pour les prochains trimestres, les paramètres économiques ne sont pas tous consternants. Il y a une activité économique en Europe et aux États-Unis où, si le chômage est inquiétant, c’est justement parce qu’il est structurel et non plus conjoncturel. Si dangereux et capricieux que soient les marchés boursiers, ils supplient les pouvoirs politiques de les encourager, ne serait-ce que parce la valeur nominale des actions est largement inférieure à la valeur des actifs des sociétés dans un grand nombre de cas. Ce silence des gouvernements, c’est quoi ?
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